L’Exorciste du Vatican : Saint Russell sur les pas de Friedkin

« Vos péchés vous hanteront ! » clame le démon, niché dans le corps d’un enfant. Heureusement pour les prêtres missionnés, les dits péchés ne valent pas plus que quelques Ave Maria. Nouvelle réalisation du cinéaste américain Julius Avery (Overlord), spécialisé dans les séries B, L’Exorciste du Vatican se promène sur les pas de l’œuvre culte de William Friedkin. Malheureusement le film n’atteint même pas le seuil de la porte de L’Exorciste : récit balisé, écriture faiblarde et second degré mal assumé forment les véritables péchés de cette énième production pseudo-horrifique. Une lueur nous guide toutefois dans ce grand spectacle inconséquent, Russell Crowe, solide dans son rôle d’exorciste à la fois indépendant, taquin et humaniste. Le film, c’est lui et seulement lui.

Le Père Gabriele Amorth connaît mieux que quiconque les démons. Exorciste en chef du Vatican, il tente d’apaiser les âmes en peine, entre croyance et jeu de dupes. Lorsque l’Eglise lui demande de partir en Espagne pour étudier un nouveau cas de possession, il n’hésite pas un instant et enfourche sa mobylette. Sur place, il comprend qu’il est tombé dans un piège, le démon attendait sa venue pour poursuivre une sanglante conspiration soigneusement cachée par le Saint-Siège, entamée durant l’Inquisition espagnole. Avec l’aide du Père Esquibel, il doit tenter de déloger le démon avant qu’il ne soit trop tard.

Sans être totalement déplaisant, le film avance avec des gros sabots, piétinant ses seconds rôles et délaissant l’ambiance horrifique au profit d’un surprenant complot satanique

Inspiré des écrits du Père Amorth, que Friedkin a par ailleurs filmé dans le documentaire The Devil and Father Amorth, L’Exorciste du Vatican se contente d’enfoncer des portes ouvertes, accumulant sagement les poncifs et vieilles ficelles du genre : la voix grave, les scarifications, les mouvements étranges et les propulsions dans l’air, sans oublier l’indispensable croix à l’envers et la mère éplorée, le tout avec une pointe de puritanisme. Plus que des fondamentaux, un véritable cahier des charges pour le cinéaste, quelque part bon exécutant, mais visiblement très peu investi. Sans être totalement déplaisant, le film avance avec des gros sabots, piétinant ses seconds rôles et délaissant l’ambiance horrifique au profit d’un surprenant complot satanique. L’Eglise s’en sort plutôt bien, elle n’est désormais qu’indirectement responsable de l’Inquisition espagnole. Finalement, le grand gagnant de ce duel déséquilibré contre l’enfer, c’est bel et bien l’acteur néo-zélandais Russell Crowe, qui expérimente pour la première fois le registre de l’horreur. Son personnage parvient à apporter un peu d’épaisseur à un film qui aurait manqué d’être translucide sans lui. Un « super prêtre » qui n’est pas prêt de laisser tomber sa soutane : une suite est d’ores et déjà dans les tuyaux. Vade retro, satana ! Tremblez démons (et spectateurs), les Avengers de la papauté sont en route.

2

RÉALISATEUR : Julius Avery
NATIONALITÉ : U.S.A
GENRE : horreur 
AVEC : Russell Crowe, Daniel Zovatto, Alex Essoe
DURÉE : 1h43
DISTRIBUTEUR : Sony Pictures Releasing France
SORTIE LE 10 mai 2023