L’Etrange Festival 2024 : Toto 30 ans, rien que du bonheur!

Trente ans, ce fut un bel anniversaire pour L’Etrange Festival! Tous les amis de ce festival pas comme les autres étaient présents, s’étant presque donné le mot pour présenter un film à cette occasion : Alejandro Jodorowsky, Gaspar Noé, Fabrice Du Welz, Jean-Pierre Dionnet, Christophe Bier, etc. L’Etrange s’est aussi fait de nouveaux amis, Coralie Fargeat, Noémie Merlant, Stéphan Castang; etc. Nous y étions également, faisant des chroniques et des critiques tous les jours. Comme chaque année, L’Etrange Festival a apporté son lot de surprises, nous faisant nous sentir comme chez nous au Forum des Images, notre seconde maison.

Un peu de nostalgie en ce dernier jour nous envahit. Il a été difficile de choisir le programme du jour en raison de la multiplicité des films intéressants : nous aurions aimé assister au ciné-concert Nosferatu le vampire de Murnau, aux projections de Love is the devil de John Maybury, Timestalker de Alice Lowe…Finalement la décision fut prise de voir Steppenwolf de Adilkhan Yerzhanov et la cérémonie de clôture. Yerzhanov est lui aussi un habitué de L’Etrange Festival. Steppenwolf représente un condensé de son univers absurde, manifestant une maîtrise absolue du cadre et du rythme cinématographique. Yerzhanov sait utiliser de manière judicieuse des accessoires inhabituels, un marteau, des lunettes à la Lolita, etc. Contrairement à son collègue Hamaguchi, le leitmotiv du film est « le Bien n’existe pas« , résumé de sa vision du monde pessimiste et lucide.

Après une cérémonie qui récompensa entre autres Kill en Grand Prix Nouveau Genre remis par Canal Plus, et La Jeune femme à l’Aiguille en Prix du Public, place à The Coldest City de Feng Yang présenté en avant-première. Ce film de gangsters ne cache pas ses influences américaines (Le Parrain, Il était une fois en Amérique, L’Impasse) mais séduit surtout par son esthétique somptueuse digne d’un film de Wong Kar-wai (on pense en particulier à The GrandMaster), voire de Hou Hsiao Hsien (Les Fleurs de Shanghai). Certains plans neigeux (le film se passe pendant un hiver qui semble perpétuel, dans l’après-Seconde guerre mondiale) restent durablement en mémoire, par leur beauté et leur poésie. Le bât blesse surtout au début tant les intrigues et les personnages se superposent mais le spectateur finit par s’y retrouver dans cette histoire d’infiltration et de vengeance. Une jolie conclusion pour un Festival qui a su nous accompagner avec générosité et passion lors de ces treize derniers jours et a dépassé pour la première fois les 30 000 entrées! 30 000 entrées pour ses trente ans, un bel anniversaire à l’Etrange Festival!

Palmarès de L’Etrange Festival :

Douze longs métrages participaient à la compétition internationale.
Canal+ et l’Étrange Festival ont remis le Grand Prix Nouveau Genre 2024 à Kill, film d’action de Nikhil Nagesh Bhat (2023 – Inde), présenté en première française et qui sera acheté par Canal+ pour une diffusion à l’antenne. [fiche du film sur le site du festival]

La jeune femme à l’aiguille, de Magnus Von Horn (2024 – Danemark, Pologne, Suède) a reçu le Prix du Public. [fiche du film sur le site du festival]

La compétition internationale de courts métrages réunissait 42 films, de 24 nationalités. 

Le Grand Prix Canal+ a été attribué à Rusalochka (Mermaid), de Dasha Charusha (Russie). [voir sur le site du festival]
Le Prix du Public a distingué Chew, film français de Félix Dobaire. [voir sur le site du festival]

Un jury présidé par Xavier Gens, et composé de Manuel Chiche, Joséphine Darcy Hopkins, Melissa Malinbaum, Just Philippot et Maud Wyler, a remis L’Étrange Prix Logical à Étranger, écrit par Julien Hamelin, qui bénéficiera d’une convention d’écriture avec Logical Pictures Group pour développer son projet de film de genre. 

Une mention spéciale « coup de cœur 2024 » a été attribuée au projet Ordures, écrit par Anthony Taieb et Maxime Malabard.

Une mention spéciale « IA 2024 » a été attribuée au projet Minuit, écrit par Hannah Réveillée et Kensley Jules (mention honorifique remise au projet alliant au mieux potentiel créatif et bonne utilisation de l’intelligence artificielle).
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