Parfois on tombe sur des films qu’on ne pensait jamais voir un jour, des surprises non programmées. C’est le plus beau cadeau qu’un festival puisse vous faire. Nous savions que Jóhann Jóhannsson, brillant compositeur islandais de musiques de films (en particulier ceux de Denis Villeneuve, dont Premier contact), nous avait quittés en 2018, nous étions loin de nous douter qu’il avait tourné un film en tant que metteur en scène. Last and first men, réalisé à partir de prises de vues des Spomenici, monuments érigés sous la dictature de Tito, et commenté en voix off par la voix de Tilda Swinton, ne comporte aucune présence humaine, et pour cause, le film se concentre sur la prochaine disparition du genre humain. Néanmoins Jóhann Jóhannsson n’avait pas prévu le Covid mais misait davantage sur un bouleversement de l’équilibre écologique et la chute d’un astre qui anéantirait la Terre. Très beau, hiératique, solennel, majestueux, Last and first men prouve qu’il n’est pas nécessaire de disposer de beaucoup de moyens pour faire de l’excellent cinéma. On espère néanmoins que ce premier et dernier film n’était pas tragiquement prémonitoire.
Avec Sputnik, Egor Abramenko réalise également son premier film qui louche du côté de la science-fiction et du film d’horreur américain. Cette histoire de cosmonaute qui revient sur Terre, investi par une créature monstrueuse qui s’échappe de son corps toutes les nuits ne possède pas forcément le mérite de l’originalité mais est réalisée parfaitement d’un point de vue technique et servie par l’interprétation à fleur de peau de Oksana Akinshina. Il manque un point de vue plus original sur son scénario pour pouvoir dépasser le statut d’une très bonne série B ou d’un excellent épisode de série fantastique. Un moment divertissant malgré tout.
Depuis le triomphe de Parasite à Cannes et aux Oscars 2020, on se doutait que la Corée du Sud représente l’un des meilleurs pays de cinéma aujourd’hui, rivalisant et voire même supplantant les Etats-Unis. Dans Destruction finale (aucun rapport avec un film américain de 1999 de Richard Pepin), la Corée du Sud en apporte la confirmation en réussissant un formidable mélange entre un film-catastrophe et un buddy movie comme Hollywood ne sait plus en réaliser depuis L’Arme fatale et Midnight Run. Grâce à un montage ébouriffant, une mise en scène électrique et un scénario délirant, Byung-seo Kim et Hae-jun Lee (ils ne sont pas trop de deux, pour mettre en forme cette tornade de scènes) emportent l’adhésion avec cette Destruction finale qui n’hésite pas à ménager des moments d’émotion entre deux courses-poursuites contre la montre et à imaginer une hypothétique réconciliation entre les deux Corée, sous l’arbitrage des Etats-Unis. A la fois hilarant et discrètement politique, Destruction finale envisage la fin du monde comme un moyen pour faire fusionner les contraires. Alors que ce blockbuster a battu tous les records d’entrée en Corée, il ne sortira malheureusement pas en salle chez nous, mais uniquement en Blu-ray et DVD le 15 septembre. Il sera projeté à nouveau sur grand écran le 9 septembre à 18h30 à l’Etrange Festival. Ne le manquez pas!