Les Intranquilles : ni avec toi, ni sans toi

Certains films n’apparaissent pas forcément en compétition pour être récompensés. Ou plus exactement pour être récompensés en tant que films. En effet, parfois, ils sont sélectionnés non en raison du nom de leur metteur en scène (même si, un peu quand même) mais surtout pour souligner la performance de leurs acteurs, femme et homme, pour leurs interprétations. C’est certainement le cas des Intranquilles de Joachim Lafosse, drame honnête autour de la bipolarité, qui s’appuie essentiellement sur ses acteurs, Leila Bekhti et Damien Bonnard.

Leila et Damien s’aiment profondément. Malgré sa bipolarité, il tente de poursuivre sa vie avec elle sachant qu’il ne pourra peut-être jamais lui offrir ce qu’elle désire.

Même si la bipolarité est un thème dans l’air du temps, elle n’a sans doute pas la même résonance que bien des thèmes concurrents, comme le féminisme, l’écologie, la fracture sociale, etc. Car il s’agit de drames individuels que chacun résout du mieux qu’il peut. Après A perdre raison et L’Economie du couple, Joachim Lafosse poursuit son exploration des méandres du couple et de la famille dysfonctionnelle. Cette fois-ci, l’ennemi réside dans un adversaire interne, les crises de folie et de surexcitation qui atteignent un des membres de la famille, et non dans l’interaction entre les membres.

Dans ce registre, Damien Bonnard paraît plutôt convaincant, ayant bénéficié des conseils techniques et psychologiques de la psychanalyste Sarah Chiche. On n’en dira pas autant de Leila Bekhti qui, en mère et épouse dévouée, appuie toujours sur les mêmes effets de jeu (je te soutiens, je me fâche), sans varier d’un iota ni jamais donner dans la nuance. En revanche, Gabriel Merz Chammah interprète avec beaucoup de naturel l’enfant du couple. On notera l’aspect intéressant d’avoir fait du personnage principal un peintre, étant donné le nom de l’acteur, rappelant ainsi le triste destin d’un certain Vincent Van Gogh. Pour l’anecdote, remarquons qu’il s’agit de l’un des rares films pour l’instant (avec Drive my car de Hamaguchi) à avoir intégré le confinement et le port des masques . Film honnête, sans éclats ni véritables défauts, Les Intranquilles gère plutôt tranquillement son absence de génie, en narrant une impossible quête du bonheur.

2.5

RÉALISATEUR : Joachim Lafosse 
NATIONALITÉ : belge, française 
AVEC : Leila Bekhti, Damien Bonnard, Gabriel Merz Chammah
GENRE : Drame 
DURÉE : 1h58
DISTRIBUTEUR : Les Films du Losange 
SORTIE LE 29 septembre 2021