Les Fleurs Sauvages : la voix des femmes

Adaptation du roman à succès The Lost Flowers of Alice Hart d’Holly Ringland, cette mini-série signée Sarah Lambert (Lambs of God) est une grande fresque familiale autour des violences domestiques. Actuellement quatrième série la plus regardée sur la plateforme Prime Video, Les Fleurs Sauvages est le succès surprise de cet été. Avec la star internationale Sigourney Weaver (les sagas Alien et Avatar) au casting et son discours aux accents féministes, la série ne pouvait pas passer inaperçue.

Les Fleurs Sauvages débute au moment où Alice Hart (Alyla Browne/Alycia Debnam-Carey), une fillette de neuf ans, perd ses deux parents dans un étrange incendie. Désormais orpheline, elle est recueillie par sa grand-mère paternelle, June (Sigourney Weaver). C’est dans la ferme horticole de cette dernière, tenue exclusivement par des femmes, qu’elle apprend à maîtriser le langage secret des fleurs. Devenue adulte, Alice va tenter de faire toute la lumière sur son passé en brisant l’omerta familiale.

Les Fleurs Sauvages délivre un message féministe essentiel : ces violences faites aux femmes ne feront que se répéter tant que les “fleurs” – comprenez les victimes de ces violences – n’auront pas de voix.

Se déroulant dans les somptueux décors naturels de la campagne australienne, la série prend le temps d’installer une atmosphère pesante pour aborder des sujets graves : agressions sexuelles, violences conjugales, deuil…Ces violences, au coeur du récit, sont mises en scène avec une grande sobriété, ce qui permet à la série de ne jamais sombrer dans le pathos. Plutôt que de tout montrer, Sarah Lambert opte pour des plans rapprochés sur le visage des victimes, s’attachant ainsi plus à leur ressenti qu’aux actes de leurs bourreaux.

Les fleurs du titre sont omniprésentes dans la série, elles sont de chaque plan, font office de sous-titres à des moments clés du récit et sont une langue à part entière. Chaque composition florale permet aux femmes du refuge de communiquer entre elles sans avoir à prononcer un seul mot. Un moyen de rappeler que pour les femmes abusées, chaque prise de parole est une prise de risques. Un onirisme qui nous éloigne par moments de la réalité de ce que vivent ces femmes mais qui n’occulte pas pour autant les violences qu’elles ont subies.

Les Fleurs Sauvages est un drame à la narration lente et complexe recourant de nombreuses fois aux flash-backs. Ces fragments du passé, qui apparaissent de-ci de-là, nous éclairent sur le présent des différentes protagonistes mais à un rythme très lent, bribe par bribe. Ce voyage dans le temps joue clairement avec les nerfs du spectateur qui doit s’accrocher pour finalement réussir à connecter tous les souvenirs entre eux. Mais sa patience va être récompensée par un dénouement d’une grande ampleur qui, en unissant toutes les voix des femmes pour n’en faire qu’une seule, amène la série à un niveau supérieur. L’histoire intime de la famille Hart se transforme en un message universel sur la libération de la parole des femmes.

Bien que Les Fleurs Sauvages se perde parfois dans l’image fantasmée d’un refuge pour femmes idyllique, les faits qu’elle décrit sont bien réels. La mini-série délivre un message féministe essentiel : ces violences faites aux femmes ne feront que se répéter tant que les “fleurs” – comprenez les victimes de ces violences – n’auront pas de voix.

3.5

CRÉATRICE : Sarah Lambert
NATIONALITÉ : Australienne
GENRE : Drame
AVEC : Sigourney Weaver, Alycia Debnam-Carey, Asher Keddie, Leah Purcell, Frankie Adams et Alyla Browne 
DURÉE : 7x 1h
DIFFUSEUR : Prime Video
SORTIE LE 3 août-1er septembre 2023