Les Chroniques de Xavier : retour sur Mystère à Venise. Un mystère bien peu mystérieux

Je n’avais pas vraiment aimé la version de Branagh du Crime de L’Orient-Express et j’avais fait l’impasse sur le second volet. Autant dire que je n’attendais vraiment rien de ce Mystère à Venise. Je ne suis pas déçu : ce n’est rien, le vide intégral, une merde soporifique qui est à des années lumières de la série avec l’excellent David Suchet dans le rôle titre et même les films de Lumet et Cie.

Branagh est déjà un bien mauvais acteur, il campe un Hercule Poirot ridicule à contre-sens du héros tel qu’il était conçu par Agatha Christie. Je veux bien qu’on adapte mais là faut pas pousser. La pléiade d’acteurs et d’actrices (dont Camille Cottin qui truste les écrans, Riccardo Scamarcio qui joue l’italien de service, normal on est à Venise ou encore Michelle Yeoh à peine remise apparemment de son rôle dans le film aux doigts saucisses) ne relève pas le niveau. Toutes et tous mal dirigés, ils sont de véritables caricatures et surjouent la plupart du temps.

L’intrigue, vaguement inspirée d’une histoire de la célèbre romancière anglaise, ne présente aucun intérêt. Branagh n’arrivant jamais à intéresser le spectateur qui, s’il est un tantinet observateur, aura vite fait de résoudre l’énigme (très banale, très déjà-vu), encore plus vite que le détective belge. Heureusement l’action (un bien grand mot avouons-le) se déroule à Venise, et quelques plans rappellent la beauté de la Cité des Doges. Mais le réalisateur n’en fait rien bien entendu, sauf des vues de carte postale.

Mais le pire (si si je vous dis) réside dans la mise en scène. En des temps pas trop lointains, un critique avait qualifié Kenneth Branagh de « Orson Welles du pauvre« . Je crois bien que ce long métrage illustre à merveille cette affirmation. Dès l’exposition (des plans juxtaposés, sans queue ni tête sans doute pour donner du rythme), Branagh use et abuse de plans cassés pour évoquer le mystère du titre. Tout au long du film, il s’amuse à multiplier les plans inutiles et les axes de caméra : plongées, contre-plongées, plans filmés depuis le lustre, ou du haut de la porte, vue du sol etc… sans doute pour suggérer aux spectateurs qu’un danger est proche, qu’une étrangeté va subvenir juste après. J’ai même souri lorsqu’il ose même un plan renversé (mais pas du tout renversant) à la Gaspar Noé.

Pourtant, ce Mystère bien peu mystérieux est d’un ennui mortel et tout paraît étiré alors que l’affaire pourrait être conclue en 30 minutes chrono. En somme, le visionnage de ce film vieillot ni fait ni à faire fut vraiment pénible. Puisqu’il est question de fantômes (oups, gros spoil), je crois qu’il est temps pour Branagh de laisser en paix ceux d’Agatha Christie et d’Hercule Poirot.