Paul Vecchiali est mort le 18 janvier dernier, à l’âge de 92 ans.
Je n’ai jamais véritablement rencontré Paul Vecchiali, mais, joie des réseaux sociaux (je vous assure que c’est possible !), j’ai eu le plaisir, à plusieurs reprises, d’échanger avec lui, à propos de ses films, de son rapport au 7e Art. Il fut même question d’une éventuelle interview téléphonique à propos de son dernier long métrage, Pas… de quartier, sorti en salles en avril dernier. Mais qui ne put avoir lieu, malheureusement.
Vecchiali, en plus d’être un cinéaste à part, se souciant peu des modes, était un cinéphile exigeant (comme le prouve son dictionnaire en 2 tomes, L’Encinéclopédie, dans lequel il revisite le cinéma français des années 30), passionné par Jean Grémillon, Max Ophüls ou Robert Bresson, produisant même les premiers films de Jean Eustache.
Je dois bien avouer que nos premiers échanges m’avaient quelque peu intrigué, même irrité. L’homme paraissait avoir une vision du cinéma assez tranchée. Me revient ainsi en mémoire l’un de ses commentaires acerbes sur Les Sentiers de la gloire de Stanley Kubrick, cinéaste qu’il ne semblait pas vraiment apprécier. Dans le genre film de guerre consacré à la Première Guerre mondiale, sa préférence allait bien davantage à l’œuvre de Raymond Bernard, Les Croix de bois (1932). Vecchiali, en plus d’être un cinéaste à part, se souciant peu des modes, était un cinéphile exigeant (comme le prouve son dictionnaire en 2 tomes, L’Encinéclopédie, dans lequel il revisite le cinéma français des années 30), passionné par Jean Grémillon, Max Ophüls ou Robert Bresson, produisant même les premiers films de Jean Eustache. Et vouant un culte sans borne aux actrices, comme Danielle Darrieux qui tourna sous sa direction dans En Haut des marches (1983). Cet attachement aux comédiennes constituait d’ailleurs toute la beauté du Cancre (2016), seul de ses films à être sélectionné sur la Croisette, et mettant en scène un homme âgé, grincheux et charmeur, hanté par le souvenir de son amour de jeunesse, revoyant d’autres femmes qui ont compté dans son existence : y défilaient, dans des moments de grande émotion, Catherine Deneuve, Édith Scob, Françoise Arnoul, Françoise Lebrun et Annie Cordy.
Cinéaste à part dans le système français, Paul Vecchiali a réalisé pas moins d’une cinquantaine de longs métrages, pour le grand et le petit écran.
Cinéaste à part dans le système français, Paul Vecchiali a réalisé pas moins d’une cinquantaine de longs métrages, pour le grand et le petit écran. Certains étant considérés, à juste titre, comme des films remarquables (Femmes, femmes ou Corps à cœur).
Je l’ai découvert avec une œuvre plus récente mais splendide et bouleversante : Nuits blanches sur la jetée (2015), adaptation libre d’une nouvelle de Dostoïevski qui a également servi d’inspiration à Luchino Visconti et James Gray, sublimement mise en scène, dans une économie de moyens n’entamant en rien ni la malice, ni la cruauté des sentiments.
Mais étrangement, je l’ai découvert avec une œuvre plus récente mais splendide et bouleversante : Nuits blanches sur la jetée (2015), adaptation libre d’une nouvelle de Dostoïevski qui a également servi d’inspiration à Luchino Visconti et James Gray, sublimement mise en scène, dans une économie de moyens n’entamant en rien ni la malice, ni la cruauté des sentiments. J’ai alors visionné les suivants, assurant même la présentation du très beau Un soupçon d’amour (2020), avec Marianne Basler et Fabienne Babe, lors d’une projection à Ajaccio, devant un public malheureusement peu fourni. Car Vecchiali n’attirait plus vraiment les spectateurs, en témoigne la sortie confidentielle de Pas… de quartier, ultime (mais émouvante et sincère) pièce d’une filmographie personnelle, parfois radicale (à l’instar de son ami Jean-Luc Godard), mais toujours guidée par une passion que seule la mort est venue tarir.