Les Chroniques de Xavier : Nosferatu (Robert Eggers), qui a peur du grand méchant vampire ?

C’est le long métrage dont on parle en cette fin d’année 2024, sorti le jour de Noël. Alors que vaut Nosferatu, le nouveau long métrage de Robert Eggers, dont j’avais adoré son tout premier, The Witch, mais bien détesté les deux suivants, The Lighthouse et The Northman ?

La première partie est assez belle esthétiquement mais, paradoxe, d’un ennui mortel (le fameux adage « c’est beau mais c’est chiant », soulignant parfaitement toute la prétention de l’entreprise). La deuxième partie, en revanche, m’a semblé plutôt laide et bien peu inventive, à l’aspect théâtral le plus éculé (et dans tout ce qu’il y a de plus péjoratif). J’ai entendu parler d’hommage, notamment à Murnau, personnellement j’emploierai plutôt le mot « recyclage » concernant tous les motifs visuels et thématiques du genre, déjà vus dans des versions précédentes : beaucoup de Murnau ainsi que du Dracula de Coppola. Eggers usant beaucoup (abusant même) de panoramiques latéraux, afin de bien balayer les pièces, et de jump scares.

Sur la globalité, l’ensemble est vraiment éprouvant et poussif à l’image des interprètes (Nicholas Hoult, moins à l’aise que chez Eastwood ; Lily-Rose Depp dont la prestation ne saurait faire oublier celle de Winona Ryder) et du personnage du Comte Orlock / Nosferatu, à la voix et l’accent ridicules, tout comme sa dégaine, pour lequel Eggers a voulu mettre en avant la putréfaction du corps (ce qui était déjà à l’œuvre chez Murnau avec les rats et tout le reste, rappelons-le tout de même). On en vient à se demander en quoi l’héroïne principale peut-elle être fascinée (ou même effrayée) par cette chose.

Pire, je me suis posé la question de l’intérêt d’un tel projet. Qu’apporte cette nouvelle version, un point de vue plus féminin comme le suggère la dernière partie et la plupart des défenseurs du film ?

Résultat final : une fin grotesque, dont on croirait être une variation de La Mouche de Cronenberg. Pire, je me suis posé la question de l’intérêt d’un tel projet. Qu’apporte cette nouvelle version, un point de vue plus féminin comme le suggère la dernière partie et la plupart des défenseurs du film ? Pas vraiment, car Eggers, malgré les apparences, ne fait pas grand-chose du changement de point de vue qui ne dépasse jamais un aspect superficiel et assez théorique. Le seul point positif dans tout cela : quelques beaux plans et la prestation cabotine de Willem Dafoe. C’est très mince.

Le seul point positif dans tout cela : quelques beaux plans et la prestation cabotine de Willem Dafoe. C’est très mince

Robert Eggers confirme qu’il est un cinéaste de l’arnaque et de la surenchère inutile. Le mieux assurément est de se (re)plonger dans le chef-d’œuvre de Murnau, pour l’éternité.