De Nouvelle Vague à Nouvelle Vague, d’A bout de souffle à Breathless, en passant par Le Redoutable, le biopic de Godard par Hazanavicius.
- Nouvelle Vague (Linklater, 2025).
Titre mensonger, ce n’est pas le biopic du monolithe JLG-Delon mais celui du tournage d’À bout de souffle, remboursez. Blague à part, j’ai été au début un brin agacé par le défilé des sosies regard caméra, puis très vite j’ai tout gobé, emporté par la légèreté et l’énergie communicative de la chose. Est-ce fidèle à la légèreté et l’énergie communicative du tournage réel du film, whatever, print the legend. Feelgood movie ni plus ni moins, qu’on soit cinéphile ou pas — mes parents qui m’ont accompagné à la séance ont beaucoup aimé, sans que ça leur ait donné autant qu’à moi envie de voir ou revoir le capolavoro JLG numéro uno.

2. À bout de souffle (JLG, 1960).
Que dire du capolavoro JLG numéro uno, it never gets old, chaque plan étant d’une invention de dingo. La vision du biopic juste avant fait qu’on retrouve avec amusement certains gestes ou attitudes qui y sont fidèlement copiés. On cherche aussi à repérer le faux raccord à la tasse de café dans la chambre de Liliane (pas vu). Question aux in-the-know, il y a à un moment un ou deux fugaces plans aériens de Paris, un peu gratuits — tours de Notre-Dame, si je ne me trompe pas —, dont je me suis demandé si c’était du stock-shot, ou si Godard avait loué un hélico. Voilà un détail au sujet duquel le Linklater, qui semble par ailleurs méga documenté, ne dit mot.

3. Breathless (McBride, 1983).
Je n’avais jamais vu le remake US à mauvaise réputation, voilà qui est réparé, même si j’ai pas mal fait avance rapide car attention spoiler, c’est complètement nul — n’écoutez pas ce que prétend ce gros pervers de Tarantino. Gere et Kaprisky sont peut-être beaux mais à l’opposé de leurs glorieux modèles n’ont pas une once de charme, et tout est horriblement eighties-ridicule, je veux dire, à un moment donné il est demandé à Kaprisky de sucer un glaçon avec mines sensuelles assorties. You can leave your hat on. Une seule bonne idée, l’ellipse/jump-cut au début lors du tir mortel du héros.

4. Le Redoutable (Hazanavicius, 2017).
Sept ans après son premier hit, à la sortie de La Chinoise, JLG est en crise, no more légèreté et enthousiasme but questionnements politico-esthétiques, qui pourrissent la vie de son entourage en général, et de son épouse Anne Wiazemsky en particulier. J’ai d’abord cru au film — qui a mauvaise réputation —, avant de le trouver devenir de plus en plus déplaisant. Ce n’est pas tant le problème de montrer JLG en sale type (tu parles d’un scoop), que de donner l’impression de réduire les enjeux, des questionnements politico-esthétiques à la jalousie conjugale bête et méchante. Écho avec le Linklater, ici le cinéaste qui ne veut plus (s’)amuser dénigre l’ambiance ’’colonie de vacances’’ du tournage du film de Ferreri où joue son épouse.
5. Nouvelle Vague (JLG, 1990)
Monolithe JLG-Delon — deux Delon pour le prix d’un, tant qu’à faire —, poème d’amour d’un lyrisme aussi postmoderne que terrassant. ’’Qui attache du prix à une mort bien exécutée ? Même les riches, qui pourraient cependant s’offrir ce luxe, ont cessé de s’en soucier. Le désir d’avoir sa mort à soi devient de plus en plus rare. (Rainer Maria Rilke, Les Cahiers de Malte Laurids Bridge) […] Vous êtes encore loin de la reine d’Angleterre.’’
