Summer’s almost gone. Difficile de ne pas penser au classique des Doors devant le film, surtout qu’il y a la citation de Pessoa en exergue pour ceux qui auraient des difficultés de compréhension — Passe, oiseau, passe, et apprends-moi à passer. Donc, mise en scène de la fin de la sensualité solaire plus ou moins innocente, no more naissance de l’albe agneau mais épidémie de gale dans le troupeau. Bien sûr, ça donne envie de revoir le Canto Uno pour être sûr — la personne chère à mon cœur et moi-même, humbles quidams, n’eurent pas le privilège de voir à Cannes le scandaleux Intermezzo.
Attention spoilers, si vous désirez rester, comme ledit agneau, vierge de toute préconception, peut-être préférerez-vous cesser de lire à partir de maintenant. Ce qui est surprenant, c’est que Kechiche décide d’organiser la fin de l’été — de l’amour obviously, même si c’est 1994 — en déviant l’attention du spectateur, du groupe de jeunes Sétois du Canto Uno à un couple d’Américains qui débarque pour passer ses vacances dans le coin. Il s’agit d’une actrice connue et son producteur de mari plus âgé. Ce qui fait que, avant de me rendre à la séance, en apprenant — j’ai eu le malheur de survoler quelques critiques — l’existence de ce couple, j’ai pensé au Mépris. Mais en fait pas du tout, aucun rapport avec le dernier JLG qu’aiment ceux qui n’aiment pas JLG. Quoique si au fond, rapport de surface, caricature de producteur hollywoodien qui dénature l’art avec un grand A lors d’un drolatique échange — le film est souvent drôle —, où Les Principes essentiels de l’existence universelle, titre ronflant du projet de film du héros apprenti scénariste, devient Robot Love.
Revenons à nos moutons (eh), les interactions dudit couple avec les locaux prennent une tournure de plus en plus inattendue, voire unbelievable. J’ai beaucoup aimé l’ensemble, je veux dire, la peinture de la finitude de notre jeunesse insouciante, et les péripéties over-the-top que réserve la conclusion du film pour étayer son propos. C’est que, comme celle de la photo qui orne la pochette de l’album des Doors où brille la chanson que j’évoquais en intro — ou comme celle du Mépris, s’il faut que les préconceptions collent avec la réalité —, la lumière est si belle qu’on en mangerait.


