Le Robot Sauvage : machine émotionnelle

Quelque part entre Wall-E et Le Château dans le ciel, la dernière production de Chris Sanders fait battre les cœurs à l’unisson : comme bien souvent dans le cinéma du réalisateur américain, à l’origine des Croods et de Dragons, il est question de découverte de soi, de famille, de solidarité et d’acceptation des différences. Loin des hommes, au milieu d’une nature généreuse et impitoyable, un robot cherche sa place parmi des animaux. Un beau et touchant récit initiatique sur une famille pas comme les autres, entre plumes d’oiseaux, queue de renard et circuits électroniques.

Sur une plage isolée, l’unité ROZZUM 7134, alias Roz, se réveille. Face à elle, des loutres curieuses : les petites bêtes découvrent une nouvelle entité, non pas faite de chair et de poils, mais de technologies. La machine tente de se faire comprendre, mais ne récolte que de l’incompréhension. Quelle est sa mission sur cette île isolée de l’humanité ? Sa rencontre avec un petit oison orphelin et un renard malicieux va tout changer.

Un beau et touchant récit initiatique sur une famille pas comme les autres, entre plumes d’oiseaux, queue de renard et circuits électroniques.

Ce qui frappe certainement le plus dans Le Robot Sauvage, outre sa somptueuse réalisation, c’est sa maturité. Dans cette forêt où cohabitent toutes sortes d’animaux, la survie est une affaire de tous les instants. Disparaître, d’une manière ou d’une autre, n’est pas un tabou. Une façon de montrer la chaîne alimentaire et de souligner l’interdépendance des espèces. Programmé pour venir en aide aux humains, le robot n’a pas sa place dans ce monde : son logiciel n’est pas adapté à ce territoire hostile. Pourtant, à force de patience et d’abnégation, le robot parvient à s’adapter à son nouvel écosystème. Elle transgresse chaque jour son code, pour devenir un être unique, ni totalement robot, ni vraiment humain. Sa tendre relation avec Joli-bec, l’orphelin, transcende véritablement le film : des premiers pas de l’oison jusqu’à son départ pour vivre sa première migration, Le Robot Sauvage émeut encore et encore. Le récit parvient à mêler humour (parfois noir), gravité et poésie de l’instant, tout en abordant de nombreuses thématiques, allant de l’adaptabilité à la question du sacrifice. L’œuvre insiste notamment sur l’importance de la cohésion face à un monde en péril, quitte à faire fi, même temporairement, de nos différences. S’il souffre d’un rythme inégal et perd en intérêt dans son dernier quart, la faute à une séquence d’action moins inspirée, Le Robot Sauvage n’en reste pas moins une très belle proposition, d’une grande force émotionnelle.

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RÉALISATEUR : Chris Sanders
NATIONALITÉ : U.S.A.
GENRE : Animation
DURÉE : 1h42
DISTRIBUTEUR : Universal Pictures International France
SORTIE LE 9 octobre 2024