Le Retour : versus la politique des quotas

A MovieRama, nous soutenons de longue date le cinéma réalisé par des femmes : Kathryn Bigelow, Jane Campion, Chantal Akerman, Agnès Varda, Marguerite Duras, Mia Hansen-Love, Rebecca Zlotowski, etc. Néanmoins, la politique implicite des quotas conduit parfois à des aberrations, comme celle de retenir Le Retour, film insignifiant, dans la compétition de la Sélection Officielle. Certains films de Catherine Corsini ont pu par le passé retenir notre attention, par exemple, Partir ou plus récemment La Fracture, sans pour autant nous bouleverser et nous faire prendre en compte qu’elle serait une des réalisatrices les plus importantes du cinéma français. Le Retour nous indique que ce n’est manifestement pas le cas : indigence de la mise en scène, pauvreté de l’écriture, extrême caricature de la description de la Corse.

Employée comme garde d’enfants par une famille aisée parisienne en vacances en Corse, Khédidja retrouve l’Île de beauté où elle a vécu il y a quinze ans. Veuve, accompagnée de ses deux filles adolescentes, Jessica et Farah, elle vit avec ses souvenirs, alors que ses enfants lient des amitiés, font la fête, parfois avec excès, et découvrent l’amour.

Indigence de la mise en scène, pauvreté de l’écriture, extrême caricature de la description de la Corse.

Nous ne nous prononcerons pas sur les accusations de harcèlement sexuel dont Catherine Corsini a été l’objet. Seul le résultat artistique à l’écran nous importe. Or, dès l’entame du film, Corsini déçoit par une typologie simpliste des personnages, un évident manque d’écriture dans les dialogues et une absence caractérisée de mise en scène. Par rapport au Retour, La Fracture, dont on pensait un bien minimal, s’imposerait presque comme un chef-d’oeuvre. Seul roc impavide, l’excellente Aïssatou Diallo Sagna s’impose par sa présence, comme elle l’avait déjà fait en étant césarisée pour La Fracture. Il n’en est malheureusement pas de même pour les jeunes comédiennes qui interprètent ses filles, et pour les malheureux Denis Podalydès et Virginie Ledoyen, dont on se demande ce qu’ils ont fait pour atterrir dans une telle galère.

Durant une heure et demie, Catherine Corsini passe de cliché en cliché pour évoquer l’éveil des amours adolescentes et le trauma de la mort d’un père. Au bout du compte, tout cela n’aura servi qu’à aboutir à une famille réconciliée par la cicatrisation mélodramatique du trauma. Le suprême défaut du film, c’est en plus de n’avoir pas su magnifier la beauté de la Corse et de la rendre presque banale à l’écran, pas plus attirante qu’un modeste paysage du Sud de la France.

Alors que d’autres films patientaient et piaffaient d’être retenus en compétition, la sélection du Retour ne sert à l’évidence à rien, hormis rajouter une unité au nombre de femmes sélectionnées, sans que cela n’accorde aucune chance supplémentaire de récompense à ces dernières à l’arrivée. Cette sélection risque encore plus d’aggraver les tensions envers le Festival venant des victimes de violences sexistes et sexuelles, sans obtenir le moindre bénéfice dans l’autre sens.

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RÉALISATEUR :   Catherine Corsini 
NATIONALITÉ : française 
GENRE :  drame
AVEC : Aïssatou Diallo Sagna, Esther Gohourou, Suzy Bemba, Lomane De Dietrich, Cédric Appietto, Virginie Ledoyen, Denis Podalydès
DURÉE : 1h30 
DISTRIBUTEUR : Le Pacte 
SORTIE LE Prochainement