Synonymes de Nadav Lapid avait surpris en gagnant l’Ours d’Or du Festival de Berlin, grillant la politesse à Grâce à Dieu de François Ozon. Certains y voyaient même une victoire du cinéma face au film-dossier sociologique. On retrouve les mêmes qualités de mise en scène et de provocation dans Le Genou d’Ahed où Lapid, tirant prétexte d’un sujet à la Hong Sang-soo, en profite pour dresser un état des lieux très personnel du monde.
Y., cinéaste israélien, arrive dans un village reculé au bout du désert pour la projection de l’un de ses films. Il y rencontre Yahalom, une fonctionnaire du ministère de la culture, et se jette désespérément dans deux combats perdus : l’un contre la mort de la liberté dans son pays, l’autre contre la mort de sa mère.
Le travail de la forme s’avère très brillant dans Le Genou d’Ahed, montrant à quel point Lapid maîtrise les aspects de montage et de narration.
Nadav Lapid possède des qualités pures de mise en scène, ce qui n’est pas donné, loin s’en faut, à tous les réalisateurs. On n’est pas près d’oublier cette ouverture du Genou d’Ahed en moto embarquée, où nous sommes placés à la place du conducteur. Lapid fait ainsi de son film une mosaïque d’impressions où le passé se mélange au présent, les informations TV aux extraits de film. Le travail de la forme s’avère très brillant dans Le Genou d’Ahed, montrant à quel point Lapid maîtrise les aspects de montage et de narration.
Il est possible d’être plus réservé sur la dernière partie du film où il semble faire du chantage émotionnel par rapport au personnage de Yahalom, la fonctionnaire du ministère de la culture, sous prétexte de placer l’art au-dessus de la politique, ce que dont personne de sensé ne doute. Cela laisse une désagréable impression de manipulation venant du personnage principal, porte-parole du réalisateur, qui ternit le beau travail sur la forme cinématographique qui avait été opéré. On finit par ne plus comprendre les intentions du personnage qui semble égaré dans un no man’s land idéologique, au point de mettre en danger la personne qu’il aime. Confusion sera son épitaphe.
RÉALISATEUR : Nadav Lapid NATIONALITÉ : israélienne AVEC : Avshalom Pollak, Nur Fibak GENRE : Drame DURÉE : 1h40 DISTRIBUTEUR : Pyramide Distribution SORTIE LE 15 septembre 2021