La Gardav : la garde à vue tournée en dérision

Le premier film de Dimitri et Thomas Lemoine décide sciemment de ridiculiser le principe de la garde à vue, en racontant une sorte de farce policière où la police est bien proche de la bavure comique. L’image des forces de l’ordre est légèrement écornée. La Gardav se sert de cette loufoquerie pour décrire un simple tournage de clip de rap qui finit au commissariat. Sympathique, mais dispensable.

Mathieu, jeune acteur ambitieux, galère pour boucler sa bande démo. Son ami Ousmane lui propose de tourner dans son clip de rap, mais le tournage ne va pas se passer comme prévu.

La Gardav se résume souvent à de maladroites caricatures, qui tendent à élargir le clivage entre les cités et la police.

Les premières minutes du film patinent sérieusement, montrent un acteur raté mais ambitieux écumant les essais et qui se retrouve à jouer dans un clip de rap artisanal tourné en bas d’une barre d’immeubles. Joué par Thomas Lemoine, Matthieu est une représentation quelque peu grossière du comédien de seconde zone, avec un jeu et des gestuelles qui ressemblent à une pâle copie du Gérard Jugnot des années 1980 (Pinot Simple flic). En plus de ce cliché s’ajoutent des redondances contenues dans des dialogues pseudo-comiques, le personnage répétant presque machinalement le contenu de sa fiche sur Allociné. Une fois passées ces inutiles lourdeurs et des blagues souvent d’un bas niveau, La Gardav déroule enfin son histoire incroyable, cette garde à vue improbable alors que les comédiens amateurs se réunissaient simplement pour tourner. Une sacoche et des pochons blancs suffisent à embarquer cette petite bande au commissariat du 20ème arrondissement de Paris. Tout l’intérêt réside dans le ridicule de la situation, les principaux intéressés devant justifier leur innocence devant des policiers sûrs de leur coup. C’est bien cela qui constitue le principal ressort comique d’un film qui vise à tourner en dérision cette procédure judiciaire, sans véritablement critiquer ouvertement tout un système.

La bonne rythmique de La Gardav finit par compenser les faiblesses du début, et navigue de la comédie au drame social.

L’envie de rire est présente, surtout quand le récit s’emballe et que l’absurdité de cette garde à vue saute aux yeux. La Gardav ne fait pas qu’activer les zygomatiques. Il évoque en filigrane, en messages secondaires, des clivages existants encore et toujours entre la police et les jeunes des cités, inévitablement suspects quand il s’agit d’une possible histoire de drogue ou de trafics en tout genre. La Gardav n’évite pas les clichés sur la couleur de peau, le faciès, toutefois il s’agit d’une triste réalité. Tout est abordé avec un humour plus ou moins réussi, et se transforme même en polar sympathique où s’installe la volonté de voir la version des policiers s’effondrer lamentablement. Le récit se trouve être si abracadabrantesque que l’on est en droit de se demander si tout est vraiment inspiré d’un fait divers. Le côté grotesque s’accentue à la fin du film, rend le tout assez insolite, pique la curiosité, et l’effarement est de mise devant un empilement d’absurdité et de ridiculisme qui écorne tout de même l’image sérieuse et pleine de discipline d’un officier de police et de sa hiérarchie.

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RÉALISATEUR : Thomas et Dimitri Lemoine
NATIONALITÉ :  France
GENRE : Comédie, Drame
AVEC : Thomas Lemoine, Gaël Tavares, Pierre Lottin
DURÉE : 1h27
DISTRIBUTEUR : Wayna Pitch
SORTIE LE 5 juin 2024