S’attaquer à une grande figure de la littérature européenne du XXe siècle comme Franz Kafka n’est pas chose aisée. Si certains cinéastes ont su adapter plus ou moins brillamment ses textes au cinéma, à l’image de Michael Haneke avec Le Château en 1997, rares sont ceux à avoir voulu raconter à l’écran la vie de l’étrange écrivain austro-hongrois, comme l’ont fait Judith Kaufmann et Georg Maas avec Kafka, le dernier été, un biopic ordinaire dont on a du mal à déceler l’intérêt artistique.
Alors que Franz Kafka passe l’été 1923 au bord de la mer Baltique, il rencontre Dora Diamant, une jeune animatrice pour enfants dont il tombe éperdument amoureux. L’écrivain, qui n’est pas encore célèbre, sait que tout s’oppose à continuer cette relation, que ce soit sa maladie, sa dépression ou encore sa dépendance financière vis-à-vis de son père. Mais auprès de la jeune femme, Kafka reprend goût à l’écriture et à la vie, même s’il sait que ce bonheur ne sera que de courte durée.
Comme l’écrivain dans cette sombre période de sa vie, le long métrage n’ose pas aller au bout des choses.
Franz Kafka est sans doute l’un des écrivains les plus fascinants de son temps. Mort à tout juste quarante ans de la tuberculose, l’auteur laisse derrière lui une œuvre unique, avec des romans comme Le Procès, Le Château ou encore la fameuse nouvelle La Métamorphose. Tout au long de sa vie, Kafka n’a cessé de s’interroger sur l’individualisme de plus en plus présent au sein de nos sociétés, mais aussi sur l’omniprésence toujours plus pesante de la bureaucratie ou encore sur la place des Juifs dans l’Europe du début du XXe siècle. Ces thèmes sont à peine évoqués dans Kafka, le dernier été, qui raconte la dernière histoire d’amour d’un homme condamné sans oser amener davantage de pensée complexe dans le récit, que ce soit dans les dialogues ou dans la mise en scène digne d’un téléfilm du samedi soir.
Tout au long du film, Franz Kafka, de plus en plus affaibli par la maladie et la dépression, est encouragé par sa compagne Dora Diamant à continuer d’écrire, à mettre un point final aux histoires qu’il ne termine jamais et qu’il préfère finalement jeter au feu. Comme l’écrivain dans cette sombre période de sa vie, le long métrage n’ose pas aller au bout des choses : Judith Kaufmann et Georg Maas ne font qu’aborder en surface et de manière très littérale les thèmes en lien avec l’auteur, que ce soit sa relation avec Dora Diamant, avec son père, sa maladie ou encore sa relation ambigüe avec l’écriture. On retiendra tout de même le jeu d’acteur convaincant du couple Sabin Tambrea (Franz Kafka) et Henriette Confurius (Dora Diamant), ainsi que l’époque historique relativement bien reconstituée, que ce soient les vacances bourgeoises à la mer ou le Berlin des années 1920 où l’inflation fait des ravages.
Ainsi, Kafka, le dernier été rejoint la liste des films tirés de faits réels qui se contentent du strict minimum sans proposer autre chose, que ce soit une part fictionnelle à l’histoire ou bien une mise en scène qui sied mieux à la psychologie du personnage dont on raconte un fragment de vie. Au-delà de l’aspect “cahier des charges à remplir” du film, on peut tout de même apprécier d’en apprendre plus sur l’une des plus grandes figures de la littérature de l’époque moderne, même s’il peut vite être frustrant de constater que Franz Kafka soit transposé à l’écran dans un film aussi plat. « Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d’un coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire ? », s’interrogeait l’auteur. S’il en est de même pour le cinéma, à quoi bon regarder Kafka, le dernier été ?
RÉALISATEUR : Judith Kaufmann et Georg Maas NATIONALITÉ : allemand, autrichien GENRE : Drame AVEC : Sabin Tambrea, Henriette Confurius, Daniela Golpashin DURÉE : 1h38 DISTRIBUTEUR : Condor Distribution SORTIE LE 20 novembre 2024