« Ça vieillit mal les héros. » Si la série Kaamelott est truffée de citations cultes, celle-ci illustre le mieux le devenir d’une saga dont le passage au grand écran est difficile. Quatre ans après Kaamelott : Premier volet, Alexandre Astier a repris ses casquettes de cinéaste, acteur, scénariste, producteur et compositeur pour une suite aussi attendue que décevante. Si les fans de la première heure peuvent se satisfaire du retour de tous les personnages – ou presque – de la série et des dialogues fidèles à l’esprit “made in Astier”, les longueurs dans le récit, les blagues ratées et la multiplicité des intrigues font de Kaamelott Deuxième volet, partie 1, une œuvre singulièrement mauvaise. On relèvera tout de même de vrais efforts sur les décors et la musique, qui insufflent une ambiance fantastique/médiévale plutôt réussie, chose rare dans le cinéma français.
Quelque temps après avoir repris les rênes de son royaume, le roi Arthur Pendragon (Alexandre Astier) s’oppose aux Dieux en refusant de tuer son ennemi Lancelot du Lac. En parallèle, il réunit de nouveaux chevaliers – qui viennent se joindre aux anciens – autour de sa nouvelle table ronde, et les envoie prouver leur valeur dans des quêtes épiques.
Outre quelques gags réussis, Kaamelott Deuxième volet, partie 1 peut vite être estampillé “film de boomer” tant on sent qu’il est le produit d’un homme de 50 ans, certes brillant, mais qui a tendance à tout faire lui-même.
Kaamelott Deuxième volet, partie 1 détonne par son rythme lent et décousu. Il est loin, le temps des sketchs de quelques minutes en début de soirée sur M6… Vaste introduction de 2h19, le film sème presque autant d’intrigues qu’il y a de chevaliers autour de la nouvelle table ronde du roi Arthur. Ce dernier, blasé et moribond – pour ne pas dire dépressif – tout du long, semble ne pas avoir évolué depuis les dernières saisons de la série. Ce ne serait pas gênant s’il n’y avait pas eu Kaamelott – Premier volet entre-temps, où le célèbre roi revenait justement aux responsabilités en passant à l’action face à Lancelot. On se retrouve désormais avec un personnage passant son temps au lit, contribuant donc au rythme apathique du long métrage. Pour le reste des intrigues, en retirer la moitié ne viderait pas le récit de sa substance pour autant, tant certaines d’entre elles n’apportent que lourdeur et ennui, à l’image de la quête des plus jeunes à la recherche du dragon opalescent.
Certaines longueurs sont sauvées par des dialogues toujours travaillés, qui sauront convaincre les fans de la première heure tout comme les amateurs des textes de Michel Audiard. L’usage de mots et expressions farfelues est l’une des signatures de la série et l’on ne s’étonne donc pas d’entendre les personnages parler de “pécores”, “boucanes”, “gadins” et autres “patacouètes”. Au-delà du style ancré dans les années 2000, le film s’appuie sur un répertoire de blagues et situations absurdes qui fonctionnent beaucoup moins bien que dans la série. Outre quelques gags réussis, Kaamelott Deuxième volet, partie 1 peut vite être estampillé “film de boomer” tant on sent qu’il est le produit d’un homme de 50 ans, certes brillant, mais qui a tendance à tout faire lui-même. Cette habitude à multiplier les talents est autant la force que la faiblesse d’Alexandre Astier, qui donne naissance à des œuvres très personnelles et donc assez clivantes sur le propos comme sur la qualité.
Si l’on peut avoir du mal avec le rythme ou le jeu de certains acteurs – en particulier les plus jeunes – on peut toujours se consoler devant la beauté des paysages. Ces derniers permettent une immersion réussie dans l’univers d’héroïc-fantasy imaginé par Astier, et sont sublimés par des décors tout autant travaillés. Il convient également de saluer le travail effectué sur les costumes, qui parviennent à distinguer chaque personnage à l’écran tout en couleur et en fantaisie. Il est d’autant plus dommage de ressentir un tel ennui devant un film proposant de si nombreuses choses. La faute peut-être à une folie des grandeurs dévorante poussant Alexandre Astier à tout faire et tout montrer, au risque de se perdre en route. Une dérive qui n’est pas sans rappeler celle d’un certain roi de Bretagne dont la quête du Graal s’est avérée plus sinueuse que prévu.
RÉALISATEUR : Alexandre Astier
NATIONALITÉ : France
GENRE : Aventure, Comédie
AVEC : Alexandre Astier, Anne Girouard, Jean-Christophe Hembert, Audrey Fleurot, Alain Chabat, Christian Clavier, Lionnel Astier, Joëlle Sevilla
DURÉE : 2h19
DISTRIBUTEUR : SND
SORTIE LE 22 octobre 2025


