Jeunesse, mon amour : nostalgie d’une adolescence perdue

Avec ce premier film, Léo Fontaine choisit la simplicité en racontant cette histoire de retrouvailles entre jeunes adultes qui se remémorent l’insouciance et la naïveté de leur adolescence. Ce récit nostalgique a de quoi raviver les souvenirs d’une époque révolue, synonyme de premiers émois et de construction personnelle. Pour certains, le film fera sans doute écho à de nombreux vécus, pour d’autres non, surtout pour ceux qui ne partagent pas les mêmes codes sociaux. Jeunesse, mon amour, malgré son évident aspect sympathique, ne dépasse pas le cadre du concept qui ressemble à celui d’un film de fin d’études.

Après plusieurs années, un groupe de jeunes adultes se retrouve. L’époque du lycée est révolue, mais les amis tentent d’en raviver l’esprit et les liens. Lors de cet après-midi hors du temps, où les souvenirs et non-dits refont surface, chacun prend conscience de ce qui a changé.

Entre une maison de banlieue, un groupe qui se retrouve autour d’un barbecue et la joie de revenir sur le passé, tout indique que Léo Fontaine a voulu fabriquer un film conceptuel et nostalgique qui narre la transition difficile entre l’adolescence et l’âge adulte.

La courte durée (environ 1h10) informe déjà que Jeunesse, mon amour n’est pas une œuvre comme les autres, que ce sera véritablement un concept dans lequel le cinéaste voudra poser les bases de son style cinématographique, une sorte d’essai qui servira à évaluer la marge de progrès par la suite. En effet, il faut constater que le format plutôt court permet de déceler les lacunes et les qualités d’un ensemble qui se rapproche fortement du film de fin d’études, avec son académisme et cette volonté de mettre en pratique les acquis obtenus. En cela, Léo Fontaine signe un film balbutiant, quelque peu hésitant, qui aurait mérité un peu plus de développement. Le scénario est assez classique du réalisateur débutant qui s’inspire d’une partie de son existence pour tisser ce récit de retrouvailles qui navigue entre nostalgie, vieilles rancœurs et souvenirs amoureux qui refont surface. Au contraire de Play d’Anthony Marciano, Jeunesse, mon amour est beaucoup plus subtil et peut parler à beaucoup plus de monde, tant il affiche un réalisme social qui tend à raconter le passage délicat entre l’époque du lycée et celle du monde adulte. Léo Fontaine juxtapose ces deux époques pour justifier la symbolique du temps qui passe, des vies qui s’éloignent, et surtout d’une jeunesse insouciante désormais lointaine qui laisse place aux turpitudes des plus grands. Ces scènes décrivant des interactions entre amis qui se rappellent des anecdotes du lycée, d’une soirée particulièrement festive et arrosée, remémoreront de bons souvenirs pour quelques-uns, mais laisseront sur la touche tant d’autres qui ne s’identifieront pas à ces jeunes. Toutefois, le récit évoque également des tentatives de séduction infructueuses, via le personnage d’Alban (Yves-Batek Mendy), toujours épris de la belle Mila (Manon Bresch). Cette sous-intrigue est bel et bien le moteur de ce film, mais ne suffit pas pour que Jeunesse, mon amour soit totalement abouti.

Jeunesse, mon amour pêche par sa durée bien trop courte qui laisse finalement un sentiment d’inachevé, alors que la substance du scénario était pourtant bien présente.

Dommage, car il y avait probablement mieux à faire pour produire un résultat proche de celui du long métrage d’Anthony Marciano, cité précédemment, ou de toutes autres productions qui jouent délibérément la carte de l’effet nostalgique et de la réflexion philosophique sur la vie. Il n’en est rien, car Léo Fontaine signe plus un film sur une bande de jeunes qui parlent et se chamaillent que sur un groupe qui exprime une franche camaraderie. L’histoire principale se dilue sous un léger flot d’attitudes belliqueuses et d’amertumes tenaces, alors que l’écriture élude souvent le psychisme et le passé de chacun. Seule subsiste la relation platonique entre Alban et Lila, l’unique élément qui donne un semblant d’intérêt à Jeunesse, mon amour, mais qui, comme le reste, s’effondre petit à petit. Le capital sympathie est là, mais il en faut plus pour convaincre et sortir de cette conceptualisation qui fige les ambitions et produit une œuvre sûrement trop cérébrale et assez documentaire dans laquelle il est si peu facile de saisir le style naissant d’un primo-cinéaste. Attendons le deuxième essai.

2.5

RÉALISATEUR : Léo Fontaine
NATIONALITÉ :  France
GENRE : Comédie dramatique
AVEC : Manon Bresch, Matthieu Lucci, Dimitri Decaux, Yves-Batek Mendy
DURÉE : 1H10
DISTRIBUTEUR : Wayna Pitch
SORTIE LE 8 mai 2024