Jacques Rozier: d’une vague à l’autre : un symbole de la Nouvelle Vague

Le documentaire réalisé par Emmanuel Barnault revient sur le parcours du cinéaste français Jacques Rozier, décédé en 2023 à l’âge de 96 ans. Le Festival de Cannes 2024 rend un bel hommage à un homme trop peu connu, pourtant pionnier de la Nouvelle Vague et qui s’était inspiré du style néoréaliste italien pour façonner sa carrière. Présenté dans la section Cannes Classics, l’œuvre se penche sur sa filmographie et son cheminement cinématographique.

Jacques Rozier ou l’itinéraire farouche, indépendant et inadapté à toute forme d’obéissance d’un réalisateur en perpétuel décalage, admiré de ses pairs et choyé par la critique.

Jacques Rozier fut l’un des plus brillants représentants de la Nouvelle Vague française, mais son nom s’est peu à peu effacé au profit de Jean-Luc Godard et de François Truffaut.

Les deux illustres cinéastes français ne tarissaient pas d’éloges à propos de Jacques Rozier. Celui-ci a maintes fois déclaré que À bout de souffle l’avait véritablement influencé pour son travail. Ses courts métrages, Rentrée des classes et Blue Jeans, furent des précurseurs de la Nouvelle Vague. Le metteur en scène a signé Adieu, Philippine en 1960, avec des acteurs amateurs. Il reprenait ainsi les concepts du mouvement cinématographique français. Il ne tournera que cinq films, de 1960 à 2001, Fifi Martingale étant son dernier. C’est une carrière peu prolifique mais qui compte tout de même Maine Océan et Du côté d’Orouët. Le documentaire retrace bien cette filmographie, analyse l’œuvre de Jacques Rozier et ne néglige pas son apport pour la télévision et notamment l’émission Dim Dam Dom. Il montre un homme qui adorait le format télévisuel pour exprimer sa liberté, mais aussi le grand écran pour diffuser d’autres messages. Pour les cinéphiles, ses films sont tout à fait connus. Pour les plus novices, le nom de Jacques Rozier est malheureusement inconnu. Emmanuel Barnault souhaite remettre en lumière ce réalisateur injustement méconnu, par le biais d’extraits de films ou d’interviews.

Jacques Rozier était un cinéaste cinéphile, aux multiples références.

Il adorait Zéro de conduite et L’Atalante de Jean Vigo, Une partie de campagne de Jean Renoir, mais sa principale influence était le néoréalisme italien. Ses films sont imprégnés de la volonté de décrire les réalités sociales (c’est le cas dans Blue Jeans). Mais c’est surtout sa collaboration atypique avec Bernard Menez qui restera gravée dans la mémoire des cinéphiles. Le tandem sera à l’œuvre dans deux films. Il faut y inclure aussi Nono Nenesse, œuvre inachevée. Avec l’acteur français, le style va changer, sera plus comique, avec même la présence de Luis Rego dans la distribution. Il faut se souvenir de la composition étonnante d’Yves Afonso en Marcel Petitgas dans Maine Océan. Les productions se raréfient ensuite, et Jacques Rozier connaîtra des problèmes personnels et financiers dans les dernières années de sa vie. Le documentaire le met à l’honneur pour permettre de le redécouvrir et ainsi réhabiliter l’œuvre de quelqu’un qui occupait une place non négligeable dans le cinéma français.

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RÉALISATEUR : Emmanuel Barnault
NATIONALITÉ :  France
GENRE : Documentaire
AVEC : 
DURÉE : 1h
DISTRIBUTEUR : 
SORTIE LE