Le prolifique Hong Sang-Soo, qui présentera aussi cette année A Traveler’s Needs avec Isabelle Huppert, propose un nouveau film où il fait parler son art du cinéma conceptuel, son sens de l’inspiration et un amour pour l’expérimentation cinématographique. Le cinéaste, récompensé de nombreuses fois, continue donc d’expérimenter, d’innover, en réalisant In Water, qui est en quelque sorte le point d’orgue d’un style mais aussi une manière de mettre son parcours et ses recherches conceptuelles en images.
Sur l’île rocheuse de Jeju, un jeune acteur réalise un film. Alors que l’inspiration lui manque, il aperçoit une silhouette au pied d’une falaise. Grâce à cette rencontre et à une chanson d’amour écrite des années plus tôt, il a enfin une histoire à raconter.
In Water filme l’errance d’un jeune cinéaste débutant, et sans doute qu’il s’agit d’une introspection faite par Hong Sang-Soo.
Le cinéaste coréen est un esthète du cinéma, en atteste son impressionnante filmographie composée de films à l’évidente beauté plastique transpirant l’innovation cinématographique. Avec In Water, il continue à réaliser un cinéma d’art et d’essai, conceptuel, dans lequel il semble se mettre en scène, via un personnage qui cherche l’originalité pour son premier film. En filmant les réflexions d’un tout jeune cinéaste qui déambule sur une plage, en quête d’un décor simple, il est difficile de ne pas faire la comparaison avec tout le travail de Hong Sang-Soo, qui a toujours trouvé l’inspiration pour concevoir ses œuvres. Ce film représente sûrement ses pensées et son cheminement, lui qui possède une prolifique production et dont les ressources artistiques paraissent illimitées. Alors que le jeune homme s’accroupit devant la mer pour chercher des idées de scénario, comment ne pas penser qu’il s’agit ici d’une introspection, même d’une biographie décrivant cette permanente envie de fabriquer des récits, et de faire du cinéma avec de petits budgets. Quand il voit une femme ramasser des déchets sur les rochers, Hong Sang-Soo explore encore une fois son intention de filmer le réel et de constamment trouver ses inspirations dans la réalité. In Water est sans doute assez caractéristique de ses méthodes de travail qui consistent surtout à travailler sans scénario établi, laissant libre cours à son imagination.
In Water n’est pas le meilleur film du cinéaste, mais il vaut la peine pour son aspect artisanal, et ses scènes floutées.
L’aspect fabrication maison est la marque de fabrique d’un metteur en scène assez polyvalent, touche-à-tout, et qui utilise le flou pour signifier l’absence de support écrit et donc de la matière pour réaliser. Les trois personnages naviguent vers l’inconnu, marchant dans les rues, à la recherche d’un endroit de tournage idéal. Les regards se posent sur la plage et la mer, avec des dialogues devisant sur les contraintes budgétaires. In Water est plus un documentaire sur la façon de concevoir le cinéma qu’un véritable film. Encore une fois, le côté conceptuel séduit, mieux que pour De nos jours, avec des interprètes libres qui découvrent le scénario au jour le jour, les dialogues étant, comme toujours, écrits quotidiennement. C’est une œuvre empreinte de nostalgie, dans laquelle Hong Sang-Soo se livre complètement, dévoile ce qu’il recherche dans le Septième Art, en somme explique ses motivations.
RÉALISATEUR : Hong Sang-Soo NATIONALITÉ : Corée du Sud GENRE : Drame AVEC : Shin Seokho, Ha Seong Guk, Seung Yun Kim DURÉE : 1h00 DISTRIBUTEUR : Arizona Distribution SORTIE LE 26 juin 2024