Etrangement, cette année, pas un mot nulle part sur un certain Donald Trump aux Golden Globes. Pourtant Sebastien Stan était là et a été récompensé pour un autre film que The Apprentice et le titre du meilleur film dramatique, The Brutalist, pouvait laisser songer au prochain occupant de La Maison-Blanche. Plutôt que de se livrer à des provocations politiques, la cérémonie a préféré se recentrer sur son rôle plus ou moins officieux d’antichambre des Oscars.
La grande surprise de cette cérémonie ne résidait pas dans le triomphe attendu d’Emilia Pérez de Jacques Audiard (quatre Golden Globes, dont meilleure comédie ou comédie musicale, meilleur film étranger, meilleur second rôle féminin pour Zoé Saldana et meilleure chanson pour Camille et Clément Ducol), mais plutôt dans l’émergence de son principal rival pour les Oscars, The Brutalist de Brady Corbet (trois Golden Globes, dont meilleur film dramatique, meilleur réalisateur, meilleur acteur pour Adrien Brody , alors que l’on attendait peut-être davantage Conclave d’Edward Berger. Emilia Pérez poursuivait sur sa lancée des European Film Awards (cinq trophées obtenus) et se place ainsi idéalement pour les Oscars. Les votants des Golden Globes, rappelons-le, les journalistes de la presse étrangère à Hollywood, ont sans doute été séduits par la forme maximaliste de The Brutalist (tournage sur pellicule, 3h35 de film projetées en deux parties, fresque viscontienne ou coppolienne sur quarante ans d’Histoire), Conclave remporte néanmoins l’envié Prix du Scénario, récompense que pouvait guigner également Anora ou The Substance, en particulier ce dernier, lauréat du prix du scénario à Cannes. Mais les choses peuvent très bien s’inverser en ce qui concerne Conclave et The Brutalist. Souvenons-nous que The Fabelmans de Stéven Spielberg, lauréat du Golden Globe du meilleur film dramatique en 2023, avait ensuite peiné à remporter le moindre Oscar. En tout cas, seules ces trois oeuvres, Emilia Pérez, The Brutalist, Conclave peuvent désormais espérer remporter la récompense suprême, l’Oscar du meilleur film.
L’autre grand suspense planait sur le Golden Globe de la meilleure actrice dans une comédie ou comédie musicale. Paradoxalement cette catégorie voyait s’affronter dans ses rangs deux actrices jouant dans des films assez éloignés de comédies pures : Mikey Madison (Anora) versus Demi Moore (The Substance). Dans ce duel opposant l’original à sa meilleure version d’elle-même, c’est la maturité qui l’a emporté sur la révélation. Demi Moore en a profité pour remercier Coralie Fargeat qui, avec ce scénario risqué, courageux et complètement fou, l’a ressuscitée et tirée des oubliettes. Demi a également souligné que c’est la première récompense qu’elle gagnait en 45 ans de carrière, signe que la persévérance finit souvent par payer.
Pour le reste, signalons un effort notable et louable des Golden Globes pour s’ouvrir à plus de diversité et à d’autres nationalités du cinéma, cf. les belles récompenses de Fernanda Torres, meilleure actrice dans un film dramatique, pour Je suis toujours là de Walter Salles, grillant la politesse à Nicole Kidman, Angelina Jolie ou Tilda Swinton, ou encore Flow du letton Gints Zilbalodis, Golden Globe du meilleur film d’animation face à des blockbusters américains (Vice-versa 2, Vaiana 2).
Les votes concernant les séries ont reconduit une hiérarchie existant depuis les Emmy Awards. On retrouve donc Shōgun qui succède à Game of Thrones et Succession, en tant que oeuvre-phare actuelle de l’univers sériel. The Bear, comme aux Emmys, échoue à s’imposer en tant que meilleure série comique et sauve les meubles grâce à Jeremy Allen White, meilleur acteur comique. Jodie Foster continue sa collection de Golden Globes grâce à True detective saison 4 Night Country. Enfin, seule nouveauté notable par rapport aux Emmys, Mon Petit renne, notre série préférée de 2024, s’impose dans la catégorie des mini-séries (meilleure mini-série, meilleur second rôle féminin).
Cette cérémonie des Golden Globes s’est montrée très ouverte à diverses influences (les femmes dans les sujets ou les réalisations, des pays autres que les Etats-Unis). Qu’en sera-t-il aux Oscars?
Palmarès des Golden Globes 2025
- Cinéma
Film dramatique : The Brutalist
Actrice dramatique : Fernanda Torres, Je suis toujours là
Acteur dramatique : Adrien Brody, The Brutalist
Film (comédie, comédie musicale) : Emilia Perez
Actrice de comédie (cinéma) : Demi Moore, The Substance
Acteur de comédie (cinéma) : Sebastian Stan, A Different Man
Second rôle féminin (cinéma) : Zoe Saldana, Emilia Perez
Second rôle masculin (cinéma) : Kieran Culkin, A Real Pain
Réalisateur de film : Brady Corbet, The Brutalist
Scénario de film : Peter Straughan pour Conclave
Bande originale : Trent Reznor & Atticus Ross pour Challengers
Chanson originale : El Mal par Clément Ducol, Camille, Jacques Audiard (Emilia Perez)
Film en langue étrangère : Emilia Perez
Film d’animation : Flow
Performance au box-office : Wicked
- Télévision
Série dramatique : Shogun
Actrice dans une série dramatique : Anna Sawai, Shogun
Acteur dans une série dramatique : Hiroyuki Sanada, Shogun
Série (comédie, comédie musicale) : Hacks
Actrice dans une série (comédie) : Jean Smart, Hacks
Acteur dans une série (comédie) : Jeremy Allen White, The Bear
Minisérie : Mon Petit Renne
Actrice dans une minisérie : Jodie Foster, True Detective : Night Country
Acteur dans une minisérie : Colin Farrell, The Penguin
Second rôle féminin (télévision) : Jessica Gunning, Mon Petit Renne
Second rôle masculin (télévision) : Tadanobu Asano, Shogun
Spectacle de stand-up à la télévision : Ali Wong, Ali Wong : Single Lady