Freud, la dernière confession est un drame porté par Anthony Hopkins et Matthew Goode, qui imagine une rencontre hypothétique entre Sigmund Freud et C. S. Lewis. Ce face-à-face aurait bien pu avoir lieu, Freud ayant rencontré, selon certaines sources, un universitaire d’Oxford non identifié peu avant sa mort. Le récit du film s’inscrit dans le cadre d’une journée entière de conversation entre Freud et Lewis, entrecoupée d’alertes aux bombardements et de flashbacks personnels, alors que la Seconde Guerre mondiale vient tout juste de débuter.
Au cœur de leur échange : une confrontation d’idées sur l’existence de Dieu. Lewis, présenté comme un ancien athée converti au christianisme, s’oppose à Freud, dont l’éducation entre un père juif et une gouvernante catholique pratiquante n’a jamais entamé son athéisme convaincu. À mesure que les deux hommes s’échangent confessions existentielles, convictions, piques et traits d’esprit, le véritable pathos du film se déplace vers un terrain plus intime. Pour reprendre une citation célèbre, «l’abstrait est personnel»: l’idée de Dieu, pour Freud comme pour Lewis, se révèle finalement n’être que le reflet de leur propre rapport au pouvoir — un rapport incarné dans leur manière de traiter une femme déterminante dans leur vie.
Globalement, Freud, la dernière confession propose un récit finement élaboré, dont la force réside davantage dans l’implicite que dans les répliques.
La plus grande révélation du film ne réside donc pas dans les dialogues, mais dans ce qui est tu — et montré — puisque le cinéma est avant tout un art audiovisuel. Ainsi, même si Freud et Lewis campent fermement sur leurs positions respectives, le véritable changement se joue dans la relation de Freud à sa fille bien-aimée, Anna. Le conflit intérieur de cette dernière, ainsi que l’homosexualité suggérée de son personnage, trouvent une voie d’expression face à une figure paternelle aussi puissante que celle de Freud, l’inventeur même du terme. Globalement, Freud, la dernière confession propose un récit finement élaboré, dont la force réside davantage dans l’implicite que dans les répliques.
Pourtant, les personnages principaux apparaissent parfois davantage comme des compilations de citations que comme des êtres humains incarnés. Puisque la rencontre racontée est imaginaire, le film aurait pu se permettre plus d’audace dans son interprétation. Les personnages donnent souvent l’impression de représenter des idées ou des théories, plutôt que des individus complexes. Un défi sous-exploité pour des comédiens issus de l’exigeante école britannique!
En fin de compte, Freud, la dernière confession peut être lue comme une tentative d’étendre les mythes de Freud et Lewis aux femmes de leur entourage. Un pari audacieux, traité ici avec délicatesse et pudeur grâce au réalisateur Matthew Brown et au scénariste Mark St. Germain.
RÉALISATEUR : Matt Brown NATIONALITÉ : U.S.A., Grande-Bretagne, Irlande GENRE : Drame AVEC : Anthony Hopkins, Matthew Goode, Liv Lisa Fries DURÉE : 1h 50 min DISTRIBUTEUR : Condor Distribution SORTIE LE 4 juin 2025