Flag Day : le mensonge dans le sang

Sa mère la prévient : son père est capable de mentir dans le blanc des yeux. Un avertissement difficile à entendre de la part d’une personne qui se ment à elle-même. Ont-ils conscience de faire du tort à leur fille ? Cinq ans après la déflagration The Last Face, Sean Penn revient avec Flag Day, un film moins périlleux et plus modeste. Un retour plutôt gagnant pour le cinéaste américain qui s’entoure de sa famille pour cette œuvre sur la filiation, tirée d’une histoire vraie.

Petite, Jennifer (Dylan Penn) vouait une certaine admiration pour son père (Sean Penn) : il lui a insufflé le goût de la découverte et de l’exploration. Avec lui, elle se sentait heureuse et épanouie. Une part d’ombre résidait toutefois en lui, il pouvait disparaître du jour au lendemain de sa vie et réapparaître au détour d’un coup de fil inattendu. Des années plus tard, Jennifer est devenue une journaliste accomplie. Dans un bar, une télévision diffuse une course poursuite avec la police : l’homme est recherché pour avoir contrefait des billets. Elle reconnaît immédiatement le fuyard : il s’agit de son père.

Magnétique dans son rôle trouble en trois temps, Sean Penn forme avec sa fille Dylan un tandem criant de vérité. Une touchante incarnation qui relève une œuvre certes convenue, mais généreuse et sensible à sa manière.

Adaptation du livre américain « Flim-Flam Man: A True Family History » de Jennifer Vogel, Flag Day est un drame sentimental qui s’étend sur plusieurs époques. Un récit aux airs d’Arrête-moi si tu peux avec ce père qui multiplie les combines et magouilles. Bien qu’il soit créatif et débrouillard, il enchaîne les mauvais plans et ne parvient jamais à trouver une véritable stabilité : tout est toujours provisoire. Né le jour du drapeau (le 14 juin), John Vogel lie sa naissance à celle de cette journée patriotique. De ce hasard de calendrier découle une fierté mal placée chez le père de famille, lui aussi veut sa part du rêve américain.

Pour gagner sa liberté, il s’invente une vie d’opportunité et ment sans vergogne. Si l’artifice fonctionne un temps, il ne peut duper éternellement ceux qui l’entourent. Plutôt qu’assumer, il fuit, encore et toujours. Peut-on changer sa nature ? Pour éviter de répéter les erreurs de ses parents, Jennifer cherche à s’émanciper du chemin tracé par sa famille dysfonctionnelle. Contrairement à son père, elle ne se contente pas des apparences, seule compte la vérité. Un exemple inspirant et enthousiasmant. Ce changement ne s’accompagne pas d’une rupture franche avec sa famille : son amour résiste aux crises et difficultés. Lorsqu’elle découvre un exemple de contrefaçon réalisé par son père, Jennifer est même quelque part fière de lui. Criminel ou non, c’est un artiste dans son genre.

Tantôt poussif, tantôt équilibré, Flag Day est un film qui souffle le chaud et le froid. Magnétique dans son rôle trouble en trois temps, Sean Penn forme avec sa fille Dylan un tandem criant de vérité. Une touchante incarnation qui relève une œuvre certes convenue, mais généreuse et sensible à sa manière. Un intéressant chassé-croisé familial autour du rêve américain.

3.5

RÉALISATEUR : Sean Penn
NATIONALITÉ : américain
AVEC : Sean Penn, Dylan Penn, Josh Brolin 
GENRE : Drame, biopic
DURÉE : 1h48
DISTRIBUTEUR : Le Pacte
SORTIE LE 22 septembre 2021