Le Festival organisé à Créteil régalait pour cette première journée de projections. Dans l’enceinte de la Maison des Arts et de la Culture, la programmation proposait d’abord un court-métrage de Kawthar Younis, My Girlfriend, questionnant sur la notion de genre, de transidentité, et de la place des personnes transgenres. La cinéaste expose les difficultés du jugement, du regard, dans une société peu encline à accepter, à tolérer, dans laquelle les personnes concernées doivent se cacher. Ce court-métrage d’une durée de 17 minutes peut secouer les mentalités, les faire changer et provoquer une onde de choc propice à l’acceptation.
Ensuite, le Festival présentait Valeria is getting married, de Michal Vinik. Également projeté au Festival de Toronto, ce film percutant prend pour sujet la traite des femmes de l’Est. Valeria, une jeune Russe, se retrouve au cœur de ce honteux marché de l’amour, promise à un homme israélien moyennant argent. La mise en lumière de cette forme de traite humaine révèle une réalité sombre, une activité scandaleusement florissante dans laquelle les jeunes femmes sont transformées en marchandises de l’amour. Michal Vinik met en avant ce problème, dans un thriller prenant, où les comportements machistes des hommes sont dominants. La place de la femme est ainsi évoquée, aussi leur position de soumission face à des règles strictes émises par la gent masculine. Réussi, ce film pointe du doigt un trafic de la honte, et ne laisse pas indifférent.
Le cinéma La Lucarne donnait l’occasion aux spectateurs de découvrir l’œuvre de Margarethe Von Trotta, avec un film intitulé Le Second éveil de Christa Klages. La réalisatrice allemande, spécialiste des portraits féminins (Rosa Luxembourg, Hannah Arendt, L’Honneur perdu de Katharina Blum) décrit ici une femme en lutte dans la société cherchant, par des moyens peu académiques, de l’argent pour sauver son centre éducatif. Avec précision et talent, Margarethe Von Trotta réalise bien plus qu’une description, mais un véritable combat d’une femme désireuse d’éduquer avec un esprit différent. La cinéaste filme une Allemagne reconstruite, mais fragile, dans laquelle Christa ne peut pas aller au-delà des limites. Le film ne se veut pas politique, mais propose une vision de femme allemande moderne, souhaitant changer les lignes de la société.