Les films destinés au grand public sont souvent méprisés par la critique. C’est un tort. Certains films n’ont pas d’autre visée que de raconter une histoire, de le faire dans les meilleures dispositions de réalisation et d’interprétation, sans vouloir à tout prix laisser une trace dans l’histoire du cinéma, mais en souhaitant faire passer un bon moment d’émotion ou de rires à ses spectateurs. C’est le cas d’Emmanuel Courcol qui, après une longue carrière d’acteur et de scénariste, est passé de l’autre côté de la caméra avec Cessez-le-feu en 2016, puis a rencontré le public avec Un Triomphe en 2021, Valois du Public du Festival du film francophone d’Angoulême, Courcol poursuit sur sa lancée avec En fanfare, feel-good movie sur deux frères musiciens qui se retrouvent après avoir été séparés par l’adoption.
Thibaut est un chef d’orchestre de renommée internationale qui parcourt le monde. Lorsqu’il apprend qu’il a été adopté, il découvre l’existence d’un frère, Jimmy, employé de cantine scolaire et qui joue du trombone dans une fanfare du nord de la France. En apparence tout les sépare, sauf l’amour de la musique. Détectant les capacités musicales exceptionnelles de son frère, Thibaut se donne pour mission de réparer l’injustice du destin. Jimmy se prend alors à rêver d’une autre vie…
Une oeuvre capable de fédérer tous publics, par sa finesse de direction d’acteurs et sa volonté humaniste de compréhension de chacun.
Emmanuel Courcol n’est pas un styliste du cinéma mais un raconteur d’histoires. Il le fait à sa façon, humble et modeste, simple et bienveillante. Certes les esthètes ne trouveront pas dans ses films une recherche stylistique particulière mais un travail digne et honnête, voire émouvant sur les gens du quotidien. Après Un Triomphe qui narrait les aventures d’un comédien chargé d’amener une bande de prisonniers aux plaisirs du théâtre, Courcol confirme son appétence pour le film social en s’intéressant à la pratique de la musique dans des formations locales. En fanfare peut faire penser à Ken Loach, l’abattage en moins, ou plus exactement aux Virtuoses, film assez cousin.
Certes, En fanfare ne possède rien de particulièrement original mais se trouve destiné à montrer les conséquences du déterminisme social qui éloigne deux frères qui partagent le même amour de la musique. L’opposition et la complémentarité de Benjamin Lavernhe et Pierre Lottin fonctionnent à plein, tout en restant sur un terrain bon enfant et humaniste qui ne va guère réveiller des plaies mal cicatrisées. On notera aussi ici la présence lumineuse de Sarah Suco qui contribue considérablement à l’impression de bien-être qui se dégage du film.
Comme dans Un Triomphe, Emmanuel Courcol réussit plutôt dans un registre assez rare, celui de la comédie dramatique populaire, sans être jamais vulgaire. Une oeuvre capable de fédérer tous publics, par sa finesse de direction d’acteurs et sa volonté humaniste de compréhension de chacun.
RÉALISATEUR : Emmanuel Courcol NATIONALITÉ : française GENRE : comédie dramatique AVEC : Benjamin Lavernhe, Pierre Lottin, Sarah Suco DURÉE : 1h44 DISTRIBUTEUR : Diaphana Distribution SORTIE LE 27 novembre 2024