En boucle : l’humour en boucle

C’est le second long-métrage de Junta Yamaguchi, après Beyond the infinite two minutes (2020), là aussi une œuvre mêlant comédie et science-fiction qui s’était faite remarquer dans les festivals. En boucle (River) obtient quant à lui le Prix du public au Festival International du film fantastique de Bruxelles 2024. Et comme dans son prédécesseur, il a le temps pour objet. En effet, l’histoire se situe dans un petit village japonais en haute montagne, l’hiver, et plus précisément aux abords et à l’intérieur d’un hôtel-restaurant employant comme servante la jeune Mikoto. Les personnages, clients comme personnel du lieu, sont soudainement pris dans une boucle temporelle : à 1h58, le temps revient 2 minutes avant et ainsi de suite sans fin. Chaque séquence débute par un plan serré sur Mikoto priant au bord de la rivière qui borde le bâtiment.

Chacun des personnages semble avoir une bonne raison de faire en sorte que le temps n’avance plus : l’homme d’affaires dont le business ne va pas très bien, l’écrivain ne réussissant pas à trouver la fin de son roman, etc. La caméra suit de près les personnages – en plan-séquence –, tous se démenant furieusement pour mettre fin à ce qui s’apparente être un sortilège dont Mikoto serait le centre. Si le rythme est effréné et respecte le sens de la comédie – les ennuis commencent à se faire sentir et les personnages s’agitent –  la succession des séquences arrive à un moment où la boucle s’épuise, faiblement relancée par une romance gauche inventée pour allonger la sauce entre Mikoto et un jeune cuisinier japonais qui rêve de partir pour la France y travailler.

En boucle reste cependant une comédie joyeuse au tourbillon de folie à laquelle il fait bon se laisser prendre

L’ennui s’installe quelque peu, malgré une agitation constante et justement peut-être par là même épuisante – il faut dire que les acteurs n’ont pas peur d’en faire trop et même parfois de surjouer leurs personnages. Mais l’on peut dire que cela participe à l’atmosphère de folie du film. Pourtant, on sent les efforts du scénario tendant à réinventer l’action : à l’instar d’Un jour sans fin (1993) de Harold Ramis, qui fait figure de parangon du genre, les personnages apprennent de chaque boucle temporelle en cherchant à éviter les complications qui surviennent – empêcher un client de sortir de son bain, un autre de sauter par la fenêtre – et modifient leur comportement pour la circonstance.

Mais, par rapport à son modèle, les personnages sont trop subrepticement esquissés pour y attacher le spectateur, et la narration quelque peu bâclée. En boucle reste cependant une comédie joyeuse au tourbillon de folie à laquelle il fait bon se laisser prendre comme dans le labyrinthe des couloirs de l’hôtel aux perspectives fuyantes. Sans ambitions démesurées, il reste un film qui vous fait passer un bon moment.

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RÉALISATEUR : Junta Yamaguchi
NATIONALITÉ :  Japon
GENRE : Comédie, science-fiction
AVEC : Riko Fujitani, Manami Honjo, Gota Ishida
DURÉE : 1h26
DISTRIBUTEUR : Art House
SORTIE LE 13 août 2025