Dans l’ombre de la Tour, l’ingénieur Gustave Eiffel. Un homme connu et reconnu pour ses constructions d’aciers, mais dont la personne reste teintée de mystère. A l’instar de De Gaulle de Gabriel Le Bomin, le réalisateur Martin Bourboulon approche l’homme d’histoire par son cœur. Une vie sentimentale fantasmée, au romantisme exacerbé par une autre grande dame, la Tour Eiffel. Plus de 130 ans après sa construction, elle résiste et demeure. Malheureusement pour Martin Bourboulon, son film n’aura probablement pas la même longévité : déséquilibré, sans relief, répétitif, Eiffel semble déjà d’un autre temps.
Alors que l’Exposition Universelle de 1889 approche, le gouvernement français souhaite que Gustave Eiffel (Romain Duris), au sommet de sa carrière après la construction de la Statue de la Liberté, réfléchisse à un nouveau projet d’envergure pour Paris. Plongé dans son idée de métro, l’ingénieur ne s’adresse qu’aux générations futures et ne souhaite pas amuser le monde avec une création éphémère. Une femme de son passé, Adrienne Bourgès (Emma Mackey), va toutefois changer le cours des choses : sa présence va pousser l’homme vers son destin, la Tour Eiffel. En haut de la Dame de Fer, Gustave se remémore les joies et peines d’une vie.
Librement inspiré de la vie de Gustave Eiffel, le premier biopic sur l’ingénieur français déçoit.
Avant d’être un film sur la construction de la Tour Eiffel, le dernier long métrage de Martin Bourboulon (Papa ou maman) est surtout l’histoire d’une romance impossible. Entre les codes de la bourgeoisie du XIXe siècle et la souveraineté des apparences, les méandres de la vie éloignent les âmes sœurs. Une blessure en chasse une autre, comme si le bonheur leur était interdit. Un amour quelque part romanesque, où l’histoire sentimentale d’un homme s’heurte à celle du patrimoine français. Si une certaine dramaturgie se dégage du récit, l’épopée romantique n’existe toutefois que sur le papier. Le problème est simple : à l’image, le couple malheureux ne prend pas. Le film prédestine Adrienne et Gustave sans creuser le sillon de leur amour. Ils s’épient longuement, s’embrassent longuement, se chamaillent, ad aeternam. Un véritable engrenage duquel Eiffel ne parvient jamais à véritablement sortir, court-circuitant sans cesse le fil scénaristique de la Tour Eiffel en devenir. Très pensif et décidé, Gustave Eiffel passe le plus clair de son temps à dessiner et redessiner la Tour en rêvant d’Adrienne. Un procédé répétitif et caricatural qui boursoufle le film. Au bout du bout, malgré des scènes réussies, c’est l’ennui qui gagne. Enfin, l’élégante bande-son d’Alexandre Desplat, pas particulièrement inspirée, accompagne efficacement une réalisation sage, mais réussie.
Librement inspiré de la vie de Gustave Eiffel, le premier biopic sur l’ingénieur français déçoit. Si la photographie du film est soignée, l’édifice vient vite à chanceler, la faute à un scénario rouillé et déjà-vu. Une histoire d’amour charnel, monotone et sans passion où vient se greffer, entre deux gribouillages du créateur, quelques étapes de la construction de la Tour Eiffel. Fastidieux et mal ficelé, un film comme une antithèse de la Dame de Fer.
RÉALISATEUR : Martin Bourboulon NATIONALITÉ : français AVEC : Romain Duris, Emma Mackey, Pierre Deladonchamps GENRE : Drame, biopic DURÉE : 1h49 DISTRIBUTEUR : Pathé SORTIE LE 13 octobre 2021