Drone : la société du voyeurisme

Avec Drone, Simon Bouisson réalise un thriller aérien, qui emmène au sommet de la tentation voyeuriste. Le récit autour de cet engin volant surveillant les moindres faits et gestes d’une héroïne en galère est plus convaincant sur le fond que sur la forme, puisqu’il joue beaucoup sur les dangers de l’exposition virtuelle et les conséquences de l’observation dangereuse. Marion Barbeau est excellente dans le rôle d’une femme épiée et harcelée.

Une nuit, Émilie, une jeune étudiante, remarque qu’un drone silencieux l’observe à la fenêtre de son appartement. Les jours suivants, il la suit et scrute chacun de ses mouvements. D’abord protecteur, le drone devient inquiétant. Émilie se sent de plus en plus menacée.

Drone établit une critique de la société moderne, où tout n’est que virtuel, désir, fascination, et goût pour la contemplation de l’intime.

Émilie est une étudiante en architecture sans le sou, qui intègre une formation pour réhabiliter des bâtiments patrimoniaux. Désargentée et seule dans son appartement, la jeune femme s’exhibe sur Internet pour gagner de l’argent. Elle ne sait pas qu’elle entre dans un système qui n’est que plaisir et voyeurisme, juste bons à satisfaire les envies perverses de centaines de personnes obnubilées par les images sexuelles. Simon Bouisson use de ce levier pour tisser son récit autour de ce penchant néfaste pour le virtuel, et sur cette Émilie qui voit son quotidien envahi par la présence d’un mystérieux drone sophistiqué et silencieux qui l’épie la nuit. Drone est un thriller aérien dont le seul objectif est de prouver l’état d’une société régie par les technologies, où tout est surveillé, y compris les personnes. Le film critique abondamment ce culte de la surveillance qui va loin, jusqu’à pénétrer l’intimité d’une femme. Le fond est intéressant, avec cette dénonciation acerbe des vices pervers du monde actuel, ainsi que les méfaits d’Internet et de ces sites de camgirls où l’on se permet tout, sans tabous, quitte à glisser vers des tentations plus malsaines.

Drone pêche par sa longueur et son manque de dynamisme, même si les effets de mise en scène sont notables.

L’ensemble manque véritablement d’énergie. Dommage, car le sujet méritait plus de consistance. Simon Bouisson n’opte pas pour l’action et privilégie une approche plus science-fictionnelle. Le scénario déroule, longuement et durant un peu plus d’une heure, l’histoire de ce duel entre une étudiante et son harceleur aérien, un combat fastidieux et lent qui se résume à un simple jeu d’observation. Pendant ce temps, Émilie est aussi hagarde que le spectateur qui se perd dans une intrigue molle. Les dernières minutes donnent enfin un shot d’adrénaline, mais c’est hélas bien trop tard. Notons toutefois une image superbe, une esthétique remarquable, et de beaux plans pris à l’aide de drones. Le cinéaste a, semble-t-il, donné plus d’importance aux qualités techniques qu’à l’écriture de son héroïne dont la psychologie est effleurée. Marion Barbeau livre toutefois une composition très intéressante. C’est le bel atout d’un film qui réussit à produire une critique sociétale, mais échoue à être marquant et abouti.

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RÉALISATEUR : Simon Bouisson
NATIONALITÉ :  France
GENRE : Thriller
AVEC : Marion Barbeau, Eugenie Derouand, Cédric Kahn, Stefan Crepon
DURÉE : 1h50
DISTRIBUTEUR : Haut et Court
SORTIE LE 2 octobre 2024