Dodo : mariage au bord de la crise de nerfs

Tout le monde a reconnu l’humour un peu sardonique de Thierry Frémaux lorsqu’il a programmé dans les trois derniers jours du Festival de Cannes 2022, histoire de réveiller les festivaliers, un film au titre prometteur, Dodo le bien-nommé. Cinquième film de Panos H. Koutras, un habitué de la Croisette depuis une vingtaine d’années, après entre autres L’Attaque de la moussaka géante, une référence dans le monde des nanars, et Xénia, un film iconique queer, Dodo mixe les cinémas d’Almodóvar pour le sens du baroque échevelé et de Lanthimos pour les situations paradoxales.

Dans leur luxueuse villa aux environs d’Athènes, Mariella et Pavlos, un couple au bord de la ruine, s’apprêtent à célébrer le mariage de leur fille Sofia avec un riche héritier. C’est alors qu’un dodo, oiseau disparu il y a 300 ans, fait son apparition, entraînant tous les protagonistes dans une ronde folle. La situation sera bientôt hors de contrôle…

Dodo mixe les cinémas d’Almodovar pour le sens du baroque échevelé et de Lanthimos pour les situations paradoxales.

A travers cette description des préparatifs d’un mariage qui va progressivement dérailler, Panos H. Koutras dresse le bilan métaphorique d’une Grèce en difficile reconstruction (on se souvient du problème « de type grec » qui empêcha une année Godard de se rendre à Cannes), avec un appel aux réfugiés afin de la permettre . Les amateurs de son style relativement délirant retrouveront la fixation sur les animaux fétiches (cf. le lapin dans Xénia, à la Donnie Darko) ou la thématique queer toujours aussi présente, à la manière de son pendant espagnol, Pedro Almodóvar (surtout dans sa première manière, jusqu’à Femmes au bord de la crise de nerfs).

Les situations vont donc s’enchaîner jusqu’à un crescendo tragi-comique (la trahison d’un membre de la famille étant compensée par les interventions intempestives du Dodo qui ponctue les scènes de manière très efficace). Avouons-le, le film, tout en étant très agréable et divertissant, ne comporte absolument rien d’inoubliable, ce qui justifie sa présence dans la section Cannes Première, destinés à accueillir les metteurs en scène renommés qui produiraient des oeuvres qui ne rentreraient pas dans le cadre de la compétition forcenée de la Sélection Officielle. Une comédie jubilatoire pour certains, une parenthèse agréable et superficielle pour d’autres.

2.5

RÉALISATEUR :  Panos H. Koutras
NATIONALITÉ : grecque 
AVEC : Smaragda Karydi, Akis Sakellariou, Natasa Exintaveloni
GENRE :  comédie, drame 
DURÉE : 2h12 
DISTRIBUTEUR : Pyramide Distribution
SORTIE LE 10 août 2022