Tentation, interdit ou porte ouverte à tous les vices, l’alcool occupe une place de choix au cinéma. La question de la boisson à l’écran et sa consommation intéresse toujours autant les cinéastes, qu’elle s’apparente à une lutte intérieure dans Flight de Robert Zemeckis ou bien d’expérimentation hasardeuse dans Drunk de Thomas Vinterberg. En mettant en scène le combat de femmes alcooliques contre leur addiction avec tout autant de légèreté que de gravité, Elsa Bennett et Hippolyte Dard permettent un éclairage nouveau sur un sujet trop peu traité dans le cinéma français, tout en se payant le luxe de s’entourer d’un casting de qualité.
Après un accident de voiture sous état d’ivresse, Suzanne (Valérie Bonneton) perd la garde de ses enfants. Pour reprendre sa vie en main, elle choisit d’aller se soigner dans un centre pour alcooliques. Elle y rencontre d’autres femmes partageant sa détresse, comme Alice (Sabrina Ouazani) et Diane (Michèle Laroque), mais aussi Denis (Clovis Cornillac), un éducateur sportif qui va tenter de les aider à s’en sortir en les faisant participer au rallye des Dunes, au Maroc.
Des jours meilleurs s’impose comme un film intéressant sur le fond en traitant de l’alcoolisme des femmes, une question de santé publique quasiment invisible au cinéma,
“C’est toi qui a eu l’idée de mettre des alcooliques au volant dans le désert ?” À travers cette question ironique, le personnage de Diane illustre toute l’ambivalence du film, qui oscille constamment entre l’humour et le drame social. Car si l’idée de réunir des alcooliques anonymes dans une voiture en plein désert pourrait sonner comme le synopsis d’une énième comédie graveleuse que personne n’aurait demandé, l’ajout et surtout la dominance du registre dramatique tout au long du film occasionnent une assez belle surprise de cinéma. Sans révolutionner quoi que ce soit, Des jours meilleurs se targue d’un montage efficace qui lui permet de naviguer intelligemment entre les registres, tout en profitant d’une bande originale de qualité signée Clémence Ducreux, dont on avait déjà pu découvrir le travail dans la série “Enjoy !”.
Si le parcours de Suzanne, veuve et mère de famille qui cherche à récupérer la garde de ses enfants en combattant l’alcoolisme, est touchant, sa traversée littérale et figurative du désert passe malheureusement par tous les ressorts scénaristiques vus et revus liés aux histoires de dépendance. Il aurait été intéressant de la voir davantage confrontée au regard des autres dans sa lutte quotidienne pour rester sobre, un élément trop peu abordé (ou bien maladroitement) dans la dernière partie du film, consacré au rallye dans le désert.
Malgré ses faiblesses dans la forme, Des jours meilleurs s’impose comme un film intéressant sur le fond en traitant de l’alcoolisme des femmes, une question de santé publique quasiment invisible au cinéma, où le sujet de la boisson et de ses vices semble exclusif aux hommes. À travers leurs interprétations respectives, Valérie Bonneton, Sabrina Ouazani et Michèle Laroque rendent hommage à toutes celles qui composent au quotidien avec une maladie encore trop taboue et qui attendent, parfois sans espoir, des jours meilleurs.
RÉALISATEUR : Elsa Bennett et Hippolyte Dard NATIONALITÉ : France/Belgique GENRE : Drame AVEC : Sabrina Ouazani, Michèle Laroque, Valérie Bonneton, Clovis Cornillac et Sophie Leboutte. DURÉE : 1h44 DISTRIBUTEUR : Wild Bunch Distribution SORTIE LE 23 avril 2025