Initialement présenté au public à travers le monde en 2021, le film ne sort qu’aujourd’hui sur les écrans français. Il est l’adaptation du recueil de nouvelles de l’auteur chinois Shuang Xuetao intitulé Moïse dans la plaine paru en juin 2016 et nous raconte l’histoire d’un jeune homme peu optimiste sur l’avenir qui fait les quatre cent coups avec ses amis en volant par exemple un taxi pour tracer la route à travers la plaine qui sert de repère à la ville de Fentun. C’est Zhuang, qui sert à l’occasion d’indicateur pour un policier appelé Jiang et avec lequel il entretient une relation complice. Nous sommes en 1997 et un mouvement de panique s’empare de la ville en raison d’une succession de meurtres commis sur des chauffeurs de taxi que la police ne parvient pas à résoudre. Dans le même temps, une relation de tendresse plus qu’amicale unit le jeune homme à sa voisine Li Fei qu’il va chercher à conquérir de son amour jusqu’à la fin du film.
Celui-ci se déroule en deux temps car nous retrouvons les mêmes personnages huit ans plus tard après le meurtre de l’ami de Zhuang. Celui-ci, devenu policier, reprend le dossier et tente de retrouver le meurtrier, persuadé que celui qui a assassiné Jiang est le même que celui des chauffeurs de taxi. Mais la trame est lâche et peu resserrée entre les différentes parties de l’intrigue passant subitement et sans rapport de l’idylle entre les deux jeunes gens à l’enquête en infiltration menée par Jiang. Ce n’est que dans un deuxième temps et de manière quelque peu artificielle que les deux éléments se rejoignent sans d’ailleurs vraiment coller ensemble. Car c’est une nouvelle histoire qui commence avec le début de la deuxième partie.
Un drame sombre qui manque de nous envoûter par son atmosphère, à défaut d’un souffle qui nous emporte.
Le film insiste de façon mélodramatique sur le destin brisé de Li Fei en proie à l’appétit vorace de son dealer de drogue et s’obligeant à suivre son père dans sa fuite éperdue pour échapper à la police. Et le pathos prend le dessus. C’est d’ailleurs d’après les ton gris et sombres de la ville industrielle en friche et à travers une lumière voilée que nous est décrite la ville qui sert de décor à l’intrigue. Un misérabilisme déjà vu – les chômeurs, le travail difficile à l’usine – qui se banalise de plus en plus dans les films chinois à visée sociale. Le rythme s’en ressent qui a du mal à prendre, et c’est à un déroulement lancinant des évènements que le spectateur assiste sans vraiment être happé par le film comme il devrait l’être. Seule la détermination sans failles de Zhuang emporte le récit.
Et c’est en fait le couple formé par celui-ci avec Li Fei qui constitue l’un des attraits principaux de l’histoire, reformulant à sa façon le mythe de l’amour impossible, si ce n’est qu’ici Li Fei jouerait le rôle de Quaismodo. Même si quelques invraisemblances psychologiques – comment Li Fei trouve-t-elle la force de s’opposer à son bourreau et quelle impulsion secrète fait-elle monter en elle la violence qui se déchaîne tout à coup sans prévenir à la fin du film – viennent atténuer le réalisme du récit, on sympathise aisément avec le personnage de Zhuang, quand bien même on peine à évaluer le chemin parcouru – en raison de l’ellipse voulue par le cinéaste entre les deux époques du film – pour que de petit voyou désenchanté par la vie, il devienne un policier gradé averti. Un drame sombre qui manque de nous envoûter par son atmosphère, à défaut d’un souffle qui nous emporte. Un film peu inspiré qui ne convainc pas tout à fait.
RÉALISATEUR : Ji Zhang NATIONALITÉ : Chine GENRE : Drame AVEC : Liu Haoran, Zhou Dongyu, Yuan Hong DURÉE : 1h41 DISTRIBUTEUR : Memento SORTIE LE 9 juillet 2025