Les thrillers téléphoniques sont presque devenus un sous-genre à part dans la catégorie des thrillers. Depuis le lointain Phone Game (2002) de Joel Schumacher, deux ou trois ont fait leur apparition en écho au confinement accru des foyers et encore davantage lors des années 2020-2021 : The Guilty en version danoise puis américaine et enfin cette oeuvre due au tandem franco-turc Çagla Zencirci et Guillaume Giovanetti, révélé par le drame Sibel. Par rapport à The Guilty, Confidente apporte une dimension directement sexuelle, -la protagoniste étant opératrice de hotline-, politique, -la dénonciation de la corruption ayant envahi la Turquie- et enfin féministe, les réalisateurs ne quittant quasiment pas d’un plan leur héroïne qui traversera un torrent de tentatives d’abus et d’humiliations, en gardant la tête haute, et en affirmant à la fin son identité retrouvée.
Ankara, 1999. Arzu enchaîne les appels tarifés dans le call center érotique où elle travaille. Quand un séisme soudain frappe Istanbul, un jeune homme avec lequel elle était en ligne est pris au piège sous des décombres et la supplie de le sauver. Arzu saurait bien qui appeler… au péril de sa propre vie.
Par rapport à The Guilty, Confidente apporte une dimension directement sexuelle, politique et enfin féministe, les réalisateurs ne quittant quasiment pas d’un plan leur héroïne qui traversera un torrent de tentatives d’abus et d’humiliations, en gardant la tête haute, et en affirmant à la fin son identité retrouvée.
Dans leur précédent film, Sibel, Çagla Zencirci et Guillaume Giovanetti exprimaient déjà un point de vue résolument féministe en mettant en scène une jeune fille handicapée qui cherche à se faire accepter dans son propre village turc. Nous retrouvons dans Confidente l’existence d’un personnage principal féminin que les metteurs en scène ne quitteront pas d’un plan, affecté d’un handicap (que nous ne dévoilerons pas), en butte aux désirs libérés par la parole sans images du téléphone et au harcèlement en présentiel ou distanciel, d’hommes pressants et oppressants.
Tout comme le pari cinématographique de Sibel consistait à suivre une jeune fille muette qui s’exprimait en langue sifflée, le tandem franco-turc s’est lancé ici un autre défi, celui de rester avec une opératrice de hotline qui ne bougera quasiment pas en-dehors de son centre d’appels. A travers ses appels défileront toute une société de mâles turcs, plus ou moins pervers ou a minima coquins, où, entre volonté d’emprise et corruption généralisée, la pauvre Arzu devra faire appel à toute sa résilience pour pouvoir affirmer sa dignité.
D’un point de vue stylistique, il est permis de trouver cet exercice de style absolument virtuose, faisant défiler toute une société machiste au téléphone, et jouant avec subtilité du hors-champ pour suggérer (en particulier à partir du tremblement de terre ayant lieu à Istanbul). D’un autre côté, il est également possible de considérer que l’exercice possède ses limites, celles de la répétition, dans lesquelles finit par tomber le film, en dépit de toutes ses belles intentions. Un exercice de style en demeure un et ne parvient guère à transcender les règles qu’il s’est fixées.
En conséquence, Confidente, malgré sa courte durée (1h16), reste un peu trop conditionné par son postulat de départ, même si la deuxième partie du film s’emballe à partir du moment où la dynamique du thriller s’enclenche. Toutefois, le soulagement sera à l’arrivée, avec un personnage féminin qui parviendra à affirmer sa véritable identité, un peu comme dans le film de Sean Baker, où Ani deviendra à la fin Anora. Ici, Azru (l’excellente Saadet Işıl Aksoy) parviendra à réintégrer sa véritable identité via son prénom, Sabiha, ainsi que son âge, quarante ans, rejetant deux tabous de l’opératrice qu’elle a été pendant tout le film.
RÉALISATEURS : Çagla Zencirci et Guillaume Giovanetti NATIONALITÉ : turque, française GENRE : thriller AVEC : Saadet Işıl Aksoy, Erkan Kolçak Köstendil, Muhammet Uzuner DURÉE : 1h16 DISTRIBUTEUR : Pyramide distribution SORTIE LE 6 août 2025