Comme une louve : une insatiable envie d’humanité

D’abord grand reporter puis réalisatrice de documentaires, Caroline Glorion s’initie au format cinématographique. Comme une louve est un premier essai transpirant d’humanité et de compassion, racontant la précaire existence de cette mère isolée, si dévouée, mais démunie. Film social et déchirant, il met en scène l’importance de ce lien maternel, indéfectible et fragile. En narrant ce récit d’une femme prise au piège d’un système sociétal oppressant, la cinéaste immortalise les défaillances et les qualités d’une génitrice protectrice, une louve aimant ses progénitures, montrant ses griffes pour les protéger. La cinéaste expose en images le portrait d’une société compressant une jeune adulte, une histoire touchante allant droit dans le cœur des âmes les plus sensibilisées à ce drame familial.

Lili élève seule ses trois enfants. Les services sociaux les placent, suite à des accusations de mauvais traitements. La jeune femme doit se reconstruire.

Comme une louve est un formidable et nécessaire film, permettant de valoriser ce symbole essentiel de l’échiquier familial, les mères si vitales pour l’équilibre psychique des enfants. Alors que se dévoile sous nos yeux le parcours accidenté de Lili, l’œuvre met en avant la grandeur irremplaçable des procréatrices, ces mamans qui représentent tant.

Comme une louve permet d’introduire une réflexion axée sur l’envergure d’une personne symbolisant la relation maternelle, avec ce qu’il faut d’amour et d’affection. Lili se transforme en un animal protecteur, cette louve que toutes les femmes portent en elles, qui leur donne force et courage pour défendre ceux qu’ils ont mis au monde. Avec ses trois enfants, Lili, serveuse aux maigres revenus, tisse une union qui, malgré les tourments, reste solide et indissoluble. Face aux coups de poings assénés par une réalité alarmante et troublée, la petite famille se bat, s’unissant pour survivre dans un climat gangréné par la galère. Caroline Glorion filme une proximité évidente, touchant notre humanité, avec des enfants souffrants, une mère dans le besoin luttant vaillamment pour garder son cocon familial. Tandis que le rouleau compresseur sociétal se met en marche, usant de son pouvoir d’étranglement et d’oppression, le portrait d’une femme courageuse se développe, ressemblant à celui de beaucoup d’autres dans notre société moderne. Ce qui est le plus chargé en émotion réside dans cette puissante connexion que nous ressentons en regardant le film dérouler ces misérables mésaventures, celles qui lient Marvin, Sami, Mélissa à cette Lili transpirant l’amour par tous les pores de sa peau. Ainsi, Comme une louve explique la valeur incommensurable d’une mère, personnage à la grande importance sentimentale, possédant une influence positive et non mesurable. En scrutant les gestes et attitudes des enfants, force est de constater le viscéral attachement à ce repère maternel, alors qu’ils sont eux-mêmes malmenés, placés dans une famille. Le film contient de nombreuses scènes émotionnellement éprouvantes qui font sangloter et étreignent inlassablement. C’est un reflet du monde actuel, entre précarité et isolement.

Comme une louve décrit également les rouages des institutions sociales écrasant Lili à coups de décisions inhumaines et injustifiées, la plongeant ainsi dans une spirale éminemment compliquée.

Avec quasiment la forme et la force d’un documentaire, Caroline Glorion nous emmène dans ce déluge incessant de décisions et de séparations injustes, celles qui brisent en morceaux une famille. Au cœur de ce système au fonctionnement intraitable, la caméra place son objectif pour décrire l’extrême brutalité d’un juge face à la palpable détresse d’une femme. Preuve que le pouvoir judiciaire exerce une constante pression sur le cou rougi d’une mère ne voyant pas l’emprise se desserrer, provoquant une suffocation de tous les instants. Avec elle, nous subissons sa tristesse et sentons l’effroyable étau qui se met en place. Comme une louve devient le miroir de ces mères isolées, seules face à l’adversité, sans solutions, comptant uniquement sur la débrouille et non sur des institutions dysfonctionnelles laissant peu de place à l’humain. Ce que raconte ce film est un état des lieux édifiant, une problématique ne devant être ignorée. Toutefois, et ce malgré la criante monotonie des situations, Caroline Glorion livre un message positif, vante les mérites de l’entraide, et réussit une description de femme combattante, partant quelque peu à la dérive, mais se ressaisissant grâce au soutien des autres. Alors, tout prend une dimension extrêmement humaine, cette humanité recherchée, désirée, que Lily trouve au gré des rencontres inattendues et fortuites, au détour d’une imperturbable et salvatrice amitié. Comme une louve en dit long sur l’humain, si proche et si distant, fort et perturbé, aidant et désarmant, presque une peinture de nos qualités et nos défauts, comportant les réponses solidaires et humaines pour nos errances existentielles.

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RÉALISATEUR : Caroline Glorion
NATIONALITÉ :  France
GENRE : Drame
AVEC : Mathilde La Musse, Sandrine Bonnaire, Sarah Suco
DURÉE : 1 h 39
DISTRIBUTEUR : Alba Films
SORTIE LE 20 septembre 2023