Après six saisons – soit une de plus que son illustre prédécesseur Breaking Bad – Better Call Saul tire sa révérence. Vince Gilligan et Peter Gould, fidèles à leur réputation, nous offrent un final magistral qui a conquis aussi bien le public que la critique. Les notes obtenues sur le site américain IMDB par le spin-off pour ses épisodes finaux égalent celles obtenues par la série originale atteignant le score quasi-parfait de 9,8/10 pour l’épisode final, un taux de satisfaction record.
La deuxième partie de cette sixième et dernière saison commence par explorer les répercussions de l’événement tragique survenu à la toute fin de la première partie avant d’effectuer un bond dans le temps pour aborder l’âge d’or de l’empire Saul Goodman et à partir de l’épisode 10 les tribulations du fugitif Gene Takavic en proie à une certaine mélancolie. Nostalgique de sa période criminelle, Gene multiplie les arnaques au risque de se faire prendre.
A partir des codes de la comédie noire, Vince Gilligan et Peter Gould ont finalement créé la plus belle des « love stories ».
Les allers-retours entre les différentes époques et identités de notre héros Jimmy/Saul/Gene sont parfaitement lisibles grâce à une mise en scène brillante opposant le passé glorieux de Saul sous forme de flash-backs colorés avec le présent torturé de Gene enveloppé dans un somptueux noir et blanc. Un noir et blanc où s’invite parfois la couleur symbole de l’espoir qui renaît comme le bout de la cigarette que Jimmy et Kim se partagent dans la magnifique séquence finale et qui fait écho au pilote de la série. La parfaite illustration d’une forme au service du fond ou comment un parti pris esthétique peut aller au-delà du simple effet de style pour devenir le fruit d’une véritable réflexion.
Comme annoncé par les créateurs, les deux héros emblématiques de Breaking Bad Walter White (Bryan Cranston) et Jesse Pinkman (Aaron Paul) font leur grand retour. Si on retrouve avec plaisir les deux acolytes, leurs scènes sont loin d’être les plus mémorables de ces nouveaux épisodes et les acteurs vieillissants mettent quelque peu en péril le réalisme de la série. L’événement marquant de cette saison s’avère être l’apparition surprise de Marie Schrader (Betsy Brandt), veuve de Hank, venue confronter Saul sur les conséquences de ses actes. Une vision des événements passés qui servira à ouvrir les yeux des spectateurs et ceux de Jimmy sur sa culpabilité indirecte.
Le dénouement de Better Call Saul fait preuve d’une grande sobriété tout en explorant en profondeur la psyché de ses personnages. Arrivé au tribunal dans le costume du clinquant Saul, Jimmy décide finalement de redevenir Jimmy et de faire la paix avec son passé quitte à faire une croix sur son futur. Et quelle meilleure raison de renoncer à son avenir que l’amour ? A partir des codes de la comédie noire, Vince Gilligan et Peter Gould ont finalement créé la plus belle des « love stories ». Les deux interprètes principaux Bob Odenkirk et Rhea Seehorn nous ont offert au fil des saisons des performances inoubliables. Un duo qui a su nous toucher en plein coeur et marquer durablement l’histoire des couples de séries.
Plus de doute à présent, le spin-off a bien réussi l’exploit de surclasser la série originale grâce à son esthétique unique et son petit supplément d’âme. Un point final qui dépasse nos espérances et élève Better Call Saul au rang de chef-d’oeuvre. Une boucle bouclée en beauté qui nous permet de dire adieu à la franchise Breaking Bad sans regrets.
SHOWRUNNERS : Vince Gilligan, Peter Gould NATIONALITÉ : Américaine AVEC : Bob Odenkirk, Rhea Seehorn, Betsy Brandt GENRE : Drame, Comédie noire DURÉE : 6x 55mn DIFFUSEUR : Netflix SORTIE LE 12 juillet 2022