Beetlejuice Beetlejuice : à tombeau ouvert

Trente-six ans plus tard, son nom résonne à nouveau dans les salles sombres : Beetlejuice. Une suite inattendue de l’œuvre culte de Tim Burton, sortie en 1988, appréciée pour son univers loufoque, sa créativité et surtout, son antihéros campé par un Michael Keaton déjanté. Après avoir déterré La Famille Addams, avec la série Mercredi, le cinéaste creuse un peu plus loin dans le temps pour nous proposer un nouveau cauchemar de son cru. Une occasion rêvée de renouer avec les grandes heures du cinéma de Tim Burton, entre noirceur et lumière. Si l’univers original est bien là, la magie n’opère plus vraiment : boursoufflé et erratique, Beetlejuice Beetlejuice en fait à la fois trop et pas assez. La déception n’en est que plus amère.

La famille Deetz est de retour à Winter River. L’ambiance n’est pas à la fête, Delia vient de perdre son cher époux. Trois générations de Deetz se retrouvent alors ensemble, sous le même toit. Alors que Lydia est toujours hantée par le souvenir de Beetlejuice, sa fille, Astrid, vit mal la célébrité de sa mère, devenue présentatrice d’une émission sur les phénomènes paranormaux. Pour elle, tout ça n’est qu’un énorme mensonge… jusqu’au jour où elle découvre à son tour que l’Au-delà existe bien. Pendant ce temps, une menace du passé revient avec un seul nom dans sa bouche : Beetlejuice. Pour l’espiègle démon, le moment est peut-être venu de refaire surface. L’heure des retrouvailles approche.

Libéré des contraintes budgétaires de l’époque, Tim Burton ouvre les vannes de sa créativité, tout en malice, hommage et modernité

Construit autour du deuil, de la famille et de l’engagement, le récit navigue entre nouveauté et déjà-vu. On retrouve avec plaisir des figures connues et l’univers si singulier du premier volet. Libéré des contraintes budgétaires de l’époque, Tim Burton ouvre les vannes de sa créativité, tout en malice, hommage et modernité : on rencontre ainsi un terrifiant bébé Beetlejuice façon Chucky, un acteur déchu en performance permanente (l’excellent Willem Dafoe) ou encore une mariée démembrée (incarnée par une surprenante Monica Bellucci), aspirateur à âmes. Outre les nouveaux venues, le monde de Beetlejuice s’agrandit, aussi bien du côté du vivant que des morts. L’Au-delà reste un enfer administratif où l’on a l’éternité devant soi pour attendre son tour au guichet. Et dans ce royaume, la vedette reste l’indétrônable Michael Keaton, certes moins subversif et plus conscient de lui-même, mais toujours aussi décapant en démon hyperactif.

Le film coince néanmoins au niveau de sa narration et du traitement de ses nombreuses intrigues secondaires : sa générosité est à double tranchant, A l’image de cette scène où Beetlejuice dévoile ses entrailles, on a le sentiment que le film dégouline de partout. Bien que lancé à vive allure, Beetlejuice Beetlejuice souffre de son absence d’ossature. Peut-être est-ce un vestige du passage du réalisateur par la case série, mais son montage ultra rythmé ne sied pas forcément à l’univers de Beetlejuice, empreint d’onirisme, de singularité et de poésie macabre. Le film peine à contenir toutes les intrigues, dont les conclusions sont finalement plus ou moins éjectées. Une expérience assez complète donc, mais sans souffle, ni émotion. Comme le dit si bien Lydia à la fin du film, il faut parfois arrêter de remuer le passé et vivre le présent. Adieu et merci Beetlejuice.

2.5

RÉALISATEUR : Tim Burton
NATIONALITÉ : U.S.A
GENRE : Comédie fantastique
AVEC : Michael Keaton, Winona Ryder, Jenna Ortega
DURÉE : 1h44
DISTRIBUTEUR : Warner Bros. France
SORTIE LE 11 septembre 2024