Barbès, Little Algérie : l’âme d’un quartier parisien

Hassan Guerrar, connu des journalistes cinéma en tant qu’attaché de presse, signe ici son tout premier film dans lequel il rend un bel hommage au quartier de Barbès, situé dans le 18e arrondissement de Paris. Barbès, little Algérie, petite chronique douce-amère sur le quotidien d’un endroit cosmopolite, dépeint une vie communautaire loin des clichés véhiculés par les médias. Hassan Guerrar réussit sa première incursion en tant que réalisateur.

Malek, la quarantaine, célibataire, vient d’emménager à Montmartre et accueille bientôt chez lui son neveu Ryiad fraîchement arrivé d’Algérie. Ensemble ils découvrent Barbès, le quartier de la communauté algérienne, très vivant, malgré la crise sanitaire en cours. Ses rencontres avec les figures locales vont permettre à Malek de retrouver une part de lui qu’il avait enfouie, de renouer avec ses origines et de commencer à faire le deuil de ses disparus.

Le primo-cinéaste expose un tableau sincère d’une communauté arabe, surtout algérienne, soudée, généreuse et solidaire.

Malek, interprété par Sofiane Zermani, informaticien de métier, s’installe à Barbès, en pleine période de confinement, dans un milieu calme qui vit au gré des autorisations de sorties. Les temps sont durs pour les habitants, dont certains doivent bénéficier d’une aide alimentaire donnée par de généreux bénévoles dans une église. Dans la rue, l’aspect désertique d’un Paris confiné s’efface grâce aux franches camaraderies de ces Algériens qui se retrouvent autour d’un verre ou d’une chorba dans le petit restaurant du coin de la rue. Le commerce fait office de lieu d’échange où tout un petit monde s’amuse et semble se soucier très peu du contexte sanitaire. C’est un Barbès jovial et convivial que filme Hassan Guerrar. Il en fait une description bien contraire à celle diffusée à la télévision et à ces lourds clichés sur un soi-disant temple de l’immigration dominée par la délinquance et la dénonciation du communautarisme. Barbès, little Algérie évoque un microcosme à part dans l’atmosphère parisienne, souvent stigmatisé, mais il en ressort un côté positif qui valorise l’âme du lieu et ceux qui y habitent. Les personnages font preuve d’une belle proximité et d’un enthousiasme à toute épreuve, malgré les difficultés journalières. En fait, le film procède à une mise en lumière de ces Parisiens qui vivent éloignés des plus beaux quartiers de la capitale française et participent à l’authenticité d’un arrondissement sous-estimé.

L’œuvre tend à démontrer que la famille est un socle pour ce peuple algérien. Hassan Guerrar traite ce thème de manière intime, comme s’il racontait un peu de son histoire.

Malek prend sous son aile son neveu Ryiad, fraîchement arrivé d’Algérie, et s’adjuge le rôle de grand frère protecteur et bienveillant dans un environnement qu’il sait aussi amusant que dangereux. Hassan Guerrar insuffle de la gravité dans son récit, montrant que le danger guette malgré la quiétude du confinement. Les valeurs familiales et l’attachement aux grands principes sont l’un des axes d’un film qui démontre que les liens familiaux restent importants, surtout dans cette communauté arabe symbolisée par l’union et l’indéfectibilité. La violence est tout de même présente, pour des raisons de réalisme social, mais Hassan Guerrar souhaite faire en sorte que les a priori sur Barbès changent. Pour y arriver, le cinéaste ne lésine pas sur la bonne humeur et l’entraide, et déconstruit les clichés sur l’insécurité au profit d’une vie de quartier sympathique où tout le monde se connaît. Même la fin contient un univers poétique qui conclut magnifiquement cet hommage sincère et touchant.

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RÉALISATEUR : Hassan Guerrar
NATIONALITÉ :  France
GENRE : Comédie dramatique
AVEC : Sofiane Zermani, Clotilde Courau, Eye Haïdara , Khalil Gharbia
DURÉE : 1h33
DISTRIBUTEUR : Jour2fete
SORTIE LE 16 octobre 2024