American Nightmare 5 – Sans limites : Make America Worst Again

Le temps d’une nuit sanglante, l’Amérique rompt le contrat social et ramène l’Homme à sa condition première, à une forme encadrée d’état de nature. Bien qu’il se soit éloigné de la caméra après le troisième épisode, James DeMonaco continue de chapeauter sa saga-phare : scénariste de ce cinquième volet, il explore les turpitudes de l’Amérique trumpiste. Et comme avec le dernier Borat, la fiction se confond parfois avec le réel. Une série B honnête et sans prétention, qui carbure au nihilisme absolu.

Adela et Juan ont fui le Mexique dans l’espoir d’une vie meilleure aux Etats-Unis. Ils travaillent désormais dans le ranch de la famille Tucker. Perçu comme un véritable cowboy, Juan fait la fierté de Caleb, le père de Dylan Tucker, un fils jaloux et porté sur le repli communautaire. Un soir, une alarme annonce le début d’une terrible tradition américaine : la purge. Alors qu’Adela et Juan se cachent dans un hangar, l’enceinte d’un camion rappelle que la cruauté est désormais la norme dehors. Le lendemain, Dylan Tucker lève les rideaux de sa forteresse familiale, ils ont survécu. Malgré la fin officielle de la purge, des groupes armés se constituent un peu partout dans le pays, la violence se poursuit. Le mot d’ordre est simple : la purge pour toujours. Alors que le pays est en proie au chaos, les deux familles s’unissent pour rejoindre le Mexique.

Satire de l’Amérique contemporaine, American Nightmare sonde la face sombre du pays de l’Oncle Sam. Une série toujours dans l’air du temps, mais qui n’a pas la vocation à être un pamphlet politique : il s’agit avant tout d’une production Blumhouse, une pure série B orientée vers l’action et l’horreur. Dans ce dernier volet, l’accent est porté sur le sujet phare de l’administration Trump, l’immigration. La purge donne l’occasion à des groupuscules de faire jaillir une colère contenue, fruit d’une frustration mal placée et d’un clivage profond du pays. Une violence qui, plus qu’un racisme qui n’a plus rien de latent, révèle surtout une Amérique sans repères, en quête d’identité, prompte à désigner des boucs émissaires pour expliquer les inégalités sociales. Si, une fois encore, le film ne se sert de ce postulat que comme une rampe de lancement pour son road trip dans l’horreur, il ne manque toutefois pas de souligner la douce ironie de son voyage : ce sont des américains qui veulent émigrer au Mexique. Un gentil pied de nez pour un récit sans génie.

Frénétique et sans temps mort, American Nightmare 5 accumule les scènes de guérilla urbaines et moments de tensions. Comme toujours, la survie est le leitmotiv de la série. Si l’ensemble reste formel et relativement sage, le film conserve une intensité qui lui permet de retenir notre attention jusqu’à sa conclusion, qui ressemble par ailleurs à l’aboutissement du concept de la saga : une purge éternelle, anarchique. On ne doute toutefois pas qu’en cas de succès de cet épisode, un nouveau palier puisse encore être franchi. Dommage toutefois que le récit ne soit pas plus audacieux ou inventif ; un air de déjà-vu poursuit l’intrigue de bout en bout. La saga commence réellement à trouver ses limites.

Sans bouleverser la série, American Nightmare 5 : Sans limites reste une efficace virée en enfer. Bien qu’impersonnel et finalement peu transgressif, ce volet bénéficie d’un bon équilibre entre action, horreur et satire sociale. Une purge convenable en somme.

3

RÉALISATEUR : Everardo Gout
NATIONALITÉ : Américain
AVEC : Ana de la Reguera, Tenoch Huerta, Josh Lucas
GENRE : Horreur, thriller
DURÉE : 1h44
DISTRIBUTEUR : Universal Pictures International France
SORTIE LE 4 août 2021