Aline : eh j’ai crié, crié, pour qu’elle revienne

On attendait un peu Valérie Lemercier au tournant quand elle a annoncé ce projet improbable, un biopic de Céline Dion sur grand écran, du vivant de la chanteuse. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Aline n’est pas véritablement un biopic satirique (on rit certes mais guère à gorge déployée) mais bien davantage un hommage plein d’affection et d’émotion pour une âme pure, ce qui ne manquera pas d’étonner les détracteurs de la chanteuse qui devaient s’attendre à une démolition dans les règles de l’art.

Québec, fin des années 60, Sylvette et Anglomard accueillent leur 14ème enfant : Aline. Dans la famille Dieu, la musique est reine et quand Aline grandit on lui découvre un don, elle a une voix en or. Lorsqu’il entend cette voix, le producteur de musique Guy-Claude n’a plus qu’une idée en tête… faire d’Aline la plus grande chanteuse au monde. Epaulée par sa famille et guidée par l’expérience puis l’amour naissant de Guy-Claude, ils vont ensemble écrire les pages d’un destin hors du commun.

Un hommage plein d’affection et d’émotion pour une âme pure, ce qui ne manquera pas d’étonner les détracteurs de la chanteuse qui devaient s’attendre à une démolition dans les règles de l’art.

Céline Dion, rebaptisée ici Aline Dieu, a donc droit à son biopic de son vivant, éloge d’une trajectoire extraordinaire pour une personne a priori ordinaire. Valérie Lemercier tient le pari assez cocasse de tenir le rôle de la chanteuse, de l’enfance à l’âge adulte. Pour l’enfance, elle utilise le procédé de rajeunissement employé pour Brad Pitt dans L’Etrange Destin de Benjamin Button, ce qui a pour effet drôlatique de la voir dans le rôle d’Aline à douze ans. Mais, loin d’utiliser la satire au bazooka, Lemercier dépeint ses personnages avec tendresse et empathie, ce qui a pour résultat qu’on finit par s’attacher à une chanteuse qui, a minima nous laisse indifférents, voire qu’on déteste cordialement écouter.

Comme on a pu le constater dans ses précédents films, Valérie Lemercier ne dispose pas d’une réelle écriture cinématographique. Ce n’est pas plus le cas ici. Néanmoins cela ne l’empêche pas de réussir son film, en approfondissant des personnages ordinaires qui mènent une carrière hors du commun. Le scénario demeure d’une fidélité assez scrupuleuse à la réalité des vies de Céline Dion et René Angéli, son Pygmalion, tout en étant assez distant, en évitant le sarcasme, pour s’éviter d’éventuels procès. Valérie Lemercier finit d’ailleurs par ressembler à son modèle, de manière saisissante, ce qui n’était guère gagné dès le départ, dans ce mélodrame romantique qui aurait pu devenir une satire impitoyable de la célébrité.

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RÉALISATEUR : Valérie Lemercier 
NATIONALITÉ : française 
AVEC :  Valérie Lemercier, Sylvain Marcel, Danielle Fichaud
GENRE : Drame, comédie, biopic. 
DURÉE : 2h03
DISTRIBUTEUR : Gaumont Distribution 
SORTIE LE 10 novembre 2021