Ali & Ava : aimer encore

Trois ans après son dernier long-métrage Dark River, Clio Barnard revient dans les salles obscures avec Ali & Ava, un film porté par les deux acteurs Adheel Akhtar et Claire Rushbrook. Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs, le nouveau film de la réalisatrice britannique touche par la justesse de certaines de ses scènes, mais se perd dans une narration contrastée qui oscille entre différents styles hétérogènes sans parvenir à les faire entrer en harmonie.

Ali & Ava sont deux adultes éreintés par la vie, résolus à la solitude. Propriétaire immobilier énergique passionné de rap, rock et musique électronique, Ali est coincé dans un couple ruiné par le passage du temps. Assistante scolaire, mère et grand-mère, Ava est une femme d’ascendance irlandaise, seule depuis le départ et le décès de son ancien mari. Se rencontrant grâce à leur affection mutuelle pour une petite fille slovaque scolarisée dans une école primaire locale, les deux redécouvrent ensemble les joies de l’amour – quand le souvenir de la solitude ne les hante pas.

Partagé entre plusieurs genres, divisé en une série de scènes particulièrement convaincantes et une suite de scènes plus décevantes, Ali & Ava est un film contrasté qui approche de la justesse de ton autant de fois qu’il la laisse filer entre les doigts. Un film en demi-teinte donc qui restera tout de même agréable par moments pour la justesse de certains de ses passages.

Ali & Ava est un film contrasté, oscillant entre hauts et bas de manière chaotique, ne parvenant pas à pleinement convaincre malgré quelques scènes touchantes. D’une part, quand Clio Barnard fait pencher son film du côté de la comédie romantique, elle échoue à mettre en place des scènes convaincantes, ne proposant que des scènes de joie surfaite, parfois écœurantes dans la manière dont Ali & Ava exultent d’une joie dégoulinante. Dans ces séquences très génériques, le jeu du duo d’acteurs principaux est à la traîne et peine à inviter à la sympathie, donnant des scènes pleines de bons sentiments qui font parfois penser à des publicités tant elles semblent exagérées.

D’autre part, quand la réalisatrice s’attaque à des enjeux plus dramatiques et même politiques, elle tend vers un film intéressant, qui aurait pu être l’occasion de fournir un discours porteur sur la barrière que posent les préjugés à l’amour. C’est dans ces scènes où se confrontent violemment la famille raciste d’Ava et un Ali plein de verve que la réalisatrice revient vers la lumière, avec des scènes sincèrement drôles autant qu’elles sont violentes et porteuses de sens. De même, les séquences musicales d’un Ali égaré dans la brume, seul avec ses émotions et son baladeur, ponctuent le film d’épisodes atmosphériques très réussis et pleins de charme. Cependant, la magie s’arrête là, en même temps que le film retourne du côté de la comédie romantique. Fonctionnant par fulgurances douchées autant de fois qu’elles sont ravivées, Ali & Ava est alors un film qui déçoit non pas parce qu’il trahit nos attentes, mais bien parce qu’il touche plusieurs fois au cœur de la cible, avant de laisser filer entre ses doigts des instants de beauté qui, malgré tout, tirent le film vers le haut.

Partagé entre plusieurs genres, divisé en une série de scènes particulièrement convaincantes et une suite de scènes plus décevantes, Ali & Ava est un film contrasté qui approche de la justesse de ton autant de fois qu’il la laisse filer entre les doigts. Un film en demi-teinte donc qui restera tout de même agréable par moments pour la justesse de certains de ses passages.

3.5

RÉALISATEUR : Clio Barnard
NATIONALITÉ : Britannique
AVEC : Adeel Akhtar, Claire Rushbrook, Ellora Torchia
GENRE : Comédie romantique, Drame
DURÉE : 1h35
DISTRIBUTEUR : Rezo Films
SORTIE LE Prochainement