À l’intérieur : Dafoe à la (mauvaise) sauce Dufoe

Après un premier documentaire mélomane sur son ami Larry Gus, le réalisateur grec Vassilis Katsoupis s’essaie à la fiction. Présenté en avant-première à la Berlinale, ce qui aurait pu être un délicieux huis-clos claustrophobe s’avère profondément ennuyeux et frustrant. Malgré la jolie performance d’un Willem Dafoe en cambrioleur prisonnier, le long-métrage pâtit du scénario de Ben Hopkins, qui tourne en rond sans jamais décoller. En salles le 1er novembre, ce remix de Robinson Crusoé – version penthouse new-yorkais – est vivement déconseillé aux personnes atteintes d’un TDAH ou de douleurs maxillaires.

L’idée originale n’aurait pas été mauvaise si elle était restée le point de départ du synopsis. Alors qu’il s’apprête à voler trois tableaux du célèbre peintre autrichien Egon Schiele, Nemo déclenche le système de sécurité de l’appartement où il se trouve. Catastrophe, il ne peut plus sortir de cette prison dorée. Il cherche alors à survivre et s’échapper par tous les moyens. De temps en temps, au cours des 105 minutes que dure le film, on se surprend à espérer un retournement de situation, un changement de cap, une progression dans la quête du personnage. Mais non, Katsoupis est implacable. Tous nos espoirs sont douchés, tant et si bien qu’on en devient indifférent au désespoir qui déforme le visage de Dafoe.

La référence à Robinson Crusoé est omniprésente, mais Katsoupis ne propose pas grand chose de plus qu’un nouveau décor

Des incohérences rajoutent à la frustration que suscitent les fausses pistes systématiquement avortées. Pourquoi Nemo est-il livré à lui-même alors que l’alarme de sécurité a sonné pendant de longues minutes ? On aurait pu s’attendre à une course contre la montre, à un jeu du chat et de la souris avec la police, ou alors à une machination d’un propriétaire pervers. Comme rien n’advient, on suppose que la suite des événements éclairera cette incompréhension initiale. Que nenni, la fin nous laisse sur notre faim, sans autre forme de procès qu’une réflexion cryptique sur la valeur de l’art…

Ce clin d’oeil appuyé est d’ailleurs le dernier d’une longue série. Le réalisateur n’hésite pas à convoquer la symbolique des rêves et à filer des métaphores grosses comme des montagnes. Il filme avec insistance l’amoncellement d’excréments du personnage ou la pâtée pour chats qu’il ingurgite, appuyant ainsi un propos pourtant déjà très clair et univoque. Si la référence à Robinson Crusoé est omniprésente, Katsoupis ne propose pas grand-chose de plus qu’un nouveau décor.

Faut-il donc risquer d’attraper des punaises de lit pour découvrir A L’intérieur ? Malheureusement, même un excellent acteur ne sauve pas un mauvais scénario de thriller.

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RÉALISATEUR : Vasilis Katsoupis
NATIONALITÉ :  germano-belgo-grecque
GENRE : thriller psychologique
AVEC : Willem Dafoe
DURÉE : 105 minutes
DISTRIBUTEUR : L'Atelier Distribution 
SORTIE LE 1er novembre 2023