Les teufeurs et la Mort. Stop, si vous n’avez pas vu le film, vous en avez peut-être déjà trop lu. En tous cas, votre humble serviteur regrettait en pénétrant dans la salle du cinoche d’avoir enregistré des informations — peu pourtant, captées presque par inadvertance — sur la chose. Finalement j’ai marché malgré tout — on lit surtout deux types d’avis, visez Allociné, soit dithyrambe de dingo soit rejet total, or en ce qui me concerne j’ai trouvé que c’était plutôt bien, ne perdons pas le sens de la mesure. Et revenons à notre accroche, no Schubert obviously mais la musique est bien, les punks à chiens observés avec attention et bienveillance au milieu des enceintes géantes de leur sono, lesquelles dès les premières images évoquent des cercueils. Les coups de force du scénario, voulus choquants et qui le sont carrément, font que je me disais en sortant de la salle que le film était un gros camion qui roulait surtout à l’émotionnant et au spectaculaire, et parlait peu à l’intellect. Cependant mes réserves furent érodées sur le chemin du retour, en écoutant les réflexions de la personne chère à mon cœur, qui a été sensible au symbolisme du film. En partant de son titre — mot arabe qui signifie l’étroit chemin vers Dieu —, on arrive vite au fil fragile qui nous raccroche à la vie, et se rompt sans crier gare sous le coup de la gravité du monde. Il s’agit de la guerre, soyons explicite, mais le mot est aussi à prendre au sens newtonien, si on réfléchit à ce qui se passe dans le film. Eh.
Point références pour conclure, le thème funèbre, les belles images qui rappellent faussement le glorieux Nouvel Hollywood, la nationalité du réalisateur m’ont fait penser à Serra, mais malgré ce que Laxe inflige à ses personnages, il n’y a aucun romantisme sadien dans le film. On pense aussi forcément à Sorcerer ou Mad Max, mais ce n’est qu’adventice, et pas du tout à Jodorowsky comme la BA pouvait le laisser craindre, ça nous fait des vacances. Bref, Laxe est-il déjà arrivé, minute papillon, long est le chemin.