Libre échange : double mixte

Cinq années auparavant, Michael Angelo Covino s’est signalé en signant avec The Climb une chronique intelligente et mélancolique sur l’amitié masculine qui survit à tous les liens autres. A la fois drôle et émouvante, cette bromance mettait en scène l’auteur et son coscénariste Kyle Marvin, tandem irrésistible. L’amitié ne semble pas un vain mot chez Covino puisqu’il partage l’écriture et l’affiche avec son collègue Marvin. De là à imaginer que les péripéties de leurs films coécrits à deux s’inspireraient directement de leurs vies, il n’y aurait qu’un pas que nous ne franchirons pas. Avec Libre échange (Splitsville), Covino complexifie la donne et accorde la parole, voire la prééminence à deux partenaires féminines, Adria Arjona (remarquée chez Olivier Assayas) et surtout Dakota Johnson. En effet, après Materialists, l’ex-héroïne des Cinquante nuances de Grey , confirme sa belle maturité en étant la figure emblématique des trentenaires en plein dilemme sentimental.

Alors que sa femme vient de demander le divorce, Carey (Kyle Marvin) court chercher du soutien auprès de ses amis, Julie (Dakota Johnson) et Paul (Michael Angelo Covino). Il découvre alors que le secret de leur bonheur est qu’ils sont en couple libre.

Sous des dehors relâchés, Libre échange dresse un état peu flatteur du couple entre 30 et 50 ans et remet en cause les bonnes vieilles notions de liberté sexuelle, d’indépendance et de jalousie qui ont présidé à l’état de la vie sentimentale et sexuelle de ces trente dernières années.

Dans les comédies sentimentales de ces dernières années, on connaît le refrain qui a nettement empiré depuis Musset et On ne badine pas avec l’amour : les hommes sont lâches, trompeurs, méprisables ; les femmes valeureuses, sensibles, indépendantes. Oui mais l’originalité dans Libre échange, c’est que cette dichotomie nous est démontrée par des hommes, Michael Angelo Covino et Kyle Marvin, qui, bien que se donnant des rôles principaux, ne se donnent pas le beau rôle, loin de là. Libre échange semble une dissection du libertinage et de la libération sexuelle issue des années 70, en nous montrant que tous ces beaux discours débouchent sur du mensonge et de la jalousie, essentiellement dans les cerveaux reptiliens masculins.

En effet, Paul, bien qu’étant en apparence permissif d’un point de vue sexuel, ne pourra résister à des accès de jalousie quand il apprendra que son meilleur ami a joyeusement profité de son autorisation tacite pour forniquer avec son épouse Julie, ce qui entraînera une séquence homérique d’anthologie de bagarre entre amis où bibelots, assiettes. et meubles voleront de toutes parts. Idem, du côté de Carey qui ne supportera pas que Ashley, sa compagne, lui rendant la monnaie de sa pièce, couchera régulièrement avec des minots, le reléguant à la place de pièce rapportée dans leur appartement.

Sous des dehors relâchés, Libre échange dresse un état peu flatteur du couple entre 30 et 50 ans et remet en cause les bonnes vieilles notions de liberté sexuelle, d’indépendance, de différence d’âge et de jalousie qui ont présidé à l’état de la vie sentimentale et sexuelle de ces trente dernières années. Formellement, Libre échange n’est pas extraordinaire, hormis la fameuse séquence d’anthologie. Le film n’en oublie pas pour autant de mettre en scène des idées drôlissimes (le Mini-moi du personnage de Dakota Johnson, le magicien invité, les amants multiples plus jeunes que Ashley et Carey, etc). De quoi passer un moment divertissant, tout en s’interrogeant sur la validité de notre vie conjugale.

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RÉALISATEUR : Michael Angelo Covino
NATIONALITÉ :  américaine
GENRE : comédie, romance
AVEC : Dakota Johnson, Adria Arjona, Michael Angelo Covino, Kyle Marvin
DURÉE : 1h40
DISTRIBUTEUR : Metropolitan FilmExport
SORTIE LE 10 septembre 2025