Les règles de l’art : entre thriller et comédie

S’inspirer du milieu de l’art et de l’un de ses faits divers les plus récents et fracassants, pour en faire une comédie, l’idée est originale et même inédite. Tel est le projet de Dominique Baumard qui est parti du fameux casse du Musée d’Art Moderne de 2010, pour le reconstituer. Si les identités sont différentes des malfaiteurs et puisent volontairement dans le vivier de la diversité, le film reste très proche de la réalité, tout en lorgnant vers la comédie. Impeccable d’un point de vue du montage et de la réalisation technique, le film, divertissement plaisant, finit par pécher par un relatif manque de profondeur et de caractérisation des personnages qui n’échappent pas parfois à la caricature.

Yonathan est un expert en montres de luxe. Alors qu’il mène une vie très tranquille et monotone, il fait la connaissance d’Éric, un escroc spécialisé dans le recel d’objets volés. Fasciné et intrigué, Yonathan entre peu à peu dans ce monde dont il ignore tout. Par ailleurs, Éric fait appel à Jo, un expert du cambriolage. 

On imagine le rêve de Dominique Baumard à travers ce film relatant l’élaboration du casse du Musée d’art moderne, volant des tableaux fameux de Fernand Léger, Modigliani, etc. : faire un film français qui serait l’équivalent des Ocean’s Eleven de Steven Soderbergh, c’est-à-dire les classiques récents du film de casse. S’il donne le change du point de vue du rythme et de l’enchaînement des actions, Les Régles de l’art peine un peu à susciter de la fascination pour ses personnages et développer un arrière-plan de profondeur dramatique pour leur passé.

C’est peut-être dû à un casting assez audacieux mais pas forcément adéquat. On aurait peut-être davantage cru à l’histoire si le réalisateur et son coscénariste n’avaient pas cru juger bon de s’éloigner de l’origine réelle des personnages. Sofiane Zermani est ainsi très à l’aise dans son numéro de tchatcheur impénitent ; Melvil Poupaud, correspondant assez à son personnage, manque de réelles vibrations comiques pour faire basculer le film dans la pure comédie. Seul Steve Tientcheu, le moins présent à l’écran, déjà remarqué dans Bâtiment 5 de Ladj Ly, parvient à faire naître un véritable intérêt pour son personnage de cambrioleur esthète.

On regrette un peu aussi que Dominique Baumard ait raconté de manière plate la dernière partie de son film, en choisissant la version soutenue par Yonathan, alors qu’il eût été possible de jeter le doute dans l’esprit du spectateur et par conséquent celui d’Eric, en proposant plusieurs versions possibles. Il faut dire que cela aurait entraîné le film vers une multiplicité assez vertigineuses de pistes narratives, qui aurait reflété la complexité de l’âme humaine. Au lieu de cela, Baumard a préféré la piste de la facilité, ce qui explique que son film ne sorte pas du registre du divertissement aimable, bien ficelé mais assez vite oubliable.

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RÉALISATEUR : Dominique Baumard
NATIONALITÉ :  française 
GENRE : comédie, policier
AVEC : Melvil Poupaud, Sofiane Zermani, Steve Tientcheu, Julia Piaton
DURÉE : 1h34 
DISTRIBUTEUR :  Le Pacte 
SORTIE LE 30 avril 2025