Desert of Namibia : une plongée dans un esprit tourmenté

Desert of Namibia, réalisé par Yoko Yamanaka et présenté à la Quinzaine des cinéastes lors du Festival de Cannes 2024, interroge sur les dégâts irréversibles des troubles psychiques. La cinéaste japonaise y filme un personnage à la frontière de la bipolarité, menant une existence morne et répétitive. Il s’agit en réalité de la description d’un esprit ravagé par la pathologie. Le film propose ainsi une longue exploration d’un esprit en souffrance.

Pour Kana, jeune japonaise de 21 ans, la vie est une succession d’instants sans saveur. Même tomber amoureuse ne sert qu’à faire passer le temps. Insatisfaite de sa relation avec Honda, un garçon attentionné, elle le quitte pour Hayashi, un jeune homme plus excentrique. Entre tribulations professionnelles et sentimentales, Kana se cherche.

En voulant expliciter ce qu’est réellement un trouble bipolaire ou de la personnalité, Desert of Namibia sombre dans un ennui abyssal.

À vrai dire, Desert of Namibia n’a pas grand-chose à raconter. L’argument principal du film repose sur la description laborieuse des journées d’une jeune femme qui travaille, mais semble condamnée à une oisiveté inévitable. Durant deux longues heures, Yoko Yamanaka dépeint l’existence terne d’une adulte passive, spectatrice de sa propre vie, évoluant dans un environnement monotone et sans attrait. Ses relations amoureuses tumultueuses servent de prétexte pour introduire la question des troubles psychiatriques, ceux-ci ayant effectivement une influence certaine sur les interactions. Cependant, ces désagréments amoureux nourrissent une vision excessivement pessimiste des pathologies mentales. La cinéaste offre une perspective douloureuse et réductrice, se contentant de filmer l’errance de son personnage livré à ses démons, affichant une attitude qui frôle la fainéantise. Le point de vue proposé est non seulement erroné, mais il manque cruellement de réalisme, associant de manière biaisée ces troubles à la paresse. De fait, le film se transforme en une lente descente dans les abîmes du vide scénaristique, tant la réalisatrice semble s’évertuer à peindre une fausse réalité, qui dévalorise les personnes en souffrance. Aborder une question aussi complexe exige une argumentation documentée, ce qui manque ici cruellement.

Vide de sens et maladroit, Desert of Namibia s’avère être d’un ennui profond, d’autant plus que le rythme est désespérément absent.

Tout le film paraît éteint, sans lumière ni dynamisme, avec une mise en scène plate composée de longues scènes inutiles où l’héroïne jette ses ordures à la poubelle ou marche lentement dans la rue. La caméra suit ses mouvements, mais rien ne se dégage de ces plans pourtant soignés. Les émotions sont froides et le message reste flou tout au long du film. Desert of Namibia aurait peut-être pu être un documentaire à vocation informative. Cependant, la structure narrative est ici amorphe, sans personnalité, étouffée par la lourdeur du traitement. Les 2h17 du film semblent durer le double tant l’ensemble est soporifique. Bien que le sujet soit riche de possibilités, la cinéaste passe complètement à côté et ne parvient pas à imprimer le bon tempo. Peut-être l’intention était-elle de proposer un autre regard sur la maladie, mais celui-ci reste malheureusement biaisé.

1

RÉALISATRICE : Yoko Yamanaka
NATIONALITÉ :  Japon
GENRE : Drame
AVEC : Yumi Kawai, Daichi Kaneko
DURÉE : 2h17
DISTRIBUTEUR : Eurozoom
SORTIE LE 13 novembre 2024