Sarah Bernhardt, La Divine : une grande dame bafouée

Autrefois incarnée par Greta Garbo et Glenda Jackson, la grande comédienne de théâtre réapparaît sous les traits de Sandrine Kiberlain. Ce biopic consacré à l’artiste se concentre surtout sur sa personnalité, plutôt que sur son parcours artistique. Alors que Sarah Bernhardt a foulé avec succès les planches du monde entier, le cinéaste privilégie l’intimité et la vie privée, au détriment de ses performances.

1915, Sarah Bernhardt est la première star mondiale. Libre. Moderne. Divine. Excentrique. Visionnaire … Entre légende et fantasme, Sarah Bernhardt nous confie l’histoire d’amour qui a marqué sa vie.

Sarah Bernhardt ne méritait certainement pas un film aussi réducteur et dévalorisant, qui brise l’image d’une femme au grand talent.

Les amateurs de théâtre connaissent bien évidemment l’artiste, qui a notamment joué dans Lorenzaccio, et d’autres pièces célèbres. Beaucoup savent à quel point son aura a marqué l’histoire de cet art. Quant aux novices qui souhaitent en savoir plus, ils ne trouveront pas leur compte avec ce film. Le scénario s’attarde ainsi sur les désagréments amoureux, ainsi que sur une personnalité plus qu’exubérante. En effet, Sarah Bernhardt souffrait d’un trouble bipolaire qui la rendait unique. À l’écran, la représentation de la bipolarité est mal rendue : le personnage est réduit à des envolées verbales et une folie presque poussée à l’extrême. Sandrine Kiberlain s’égosille, crie dans tous les sens, se calme puis devient à nouveau véhémente. Guillaume Nicloux enchaîne ainsi les scènes à l’ambiance aussi hystérique qu’imbuvable, ce qui écorne terriblement la réputation d’une actrice réduite à ces comportements imprévisibles et douloureux. Sarah Bernhardt n’apparaît ainsi plus comme divine, mais est dépeinte comme une trublionne, prête à rire à gorge déployée ou à critiquer vertement ceux qui l’entourent. L’écriture se trompe en priorisant cet aspect de sa personnalité, dédaignant l’influence immense qu’elle avait. Sarah Bernhardt, La Divine est d’une lourdeur sans nom, en plus d’être douloureusement cacophonique.

Qu’en est-il des œuvres théâtrales, à peine évoquées dans le film ? Le scénario s’amuse à galvauder les compétences artistiques.

Le film fait allusion à Lorenzaccio, célèbre pièce d’Alfred de Musset, dans laquelle Sarah Bernhardt s’est brillamment illustrée, obtenant la consécration qu’elle désirait. Mais à part cela, le travail sur scène disparaît, laissant place à l’exploration de sa vie privée, pas si trépidante et plutôt dominée par la frivolité et une liberté sexuelle assumée. Encore une fois, le récit égratigne cette grande figure française en l’affublant d’un tempérament souvent ridicule. Dans une ambiance folle, les rares moments de calme révèlent les failles psychologiques de la comédienne, qui luttait contre un trouble mental méconnu à l’époque. Cependant, la plus grande négligence du film réside dans son incapacité à prendre en compte sa carrière riche et diversifiée, préférant s’attarder sur les affres de la souffrance psychique, que Guillaume Nicloux filme avec excès en demandant à son actrice de surjouer. La beauté des décors et des costumes fait illusion, mais l’indigence et les oublis du scénario ne rendent pas hommage à cette illustre artiste de théâtre.

0.5

RÉALISATEUR : Guillaume Nicloux
NATIONALITÉ :  France
GENRE : Comédie
AVEC : Sandrine Kiberlain, Laurent Lafitte, Amira Casar
DURÉE : 1h38
DISTRIBUTEUR : Bac Films
SORTIE LE 18 décembre 2024