La quatrième édition du Festival du Film Policier se tient à Reims, du 9 au 14 avril. Une fois encore, les organisateurs ont concocté une programmation alléchante qui saura ravir les amateurs de polars et autres récits palpitants. Après une soirée d’ouverture qui a eu lieu dans la grande salle du cinéma Opéraims, place aux projections, avec la découverte de nombreux films.
Reims Polar programme une catégorie dédiée aux films noirs italiens, sélection qui comporte Cadavres exquis, de Francesco Rosi, avec le grand Lino Ventura. La présence de cette oeuvre dans la liste des films sélectionnés ne souffre d’aucune contestation, tant la mise en scène clinique et radicale retranscrit le climat houleux et au bord du chaos de l’Italie des années 1970. Dans le rôle d’un inspecteur Vargas cherchant à résoudre des meurtres, Lino Ventura impose sa présence et son charisme. En voulant mettre un coup de pied dans la fourmilière, le policier ne se doute guère des retombées. Francesco Rosi crée un climat prenant et angoissant puis évoque une atmosphère de révolution, avec l’ombre des Brigades Rouges qui plane sur l’intrigue. C’est un film à voir pour apprécier le travail du cinéaste italien, que l’on voit également dans Main basse sur la ville.
Après les tensions sociétales et politiques, la peur de la mort avec Hitcher, film culte de Robert Harmon avec un Rutger Hauer terrifiant qui ne donne pas franchement envie de véhiculer un homme dans sa voiture. Le scénario est léger. Un jeune homme qui fait du convoyage, un passager inquiétant dont on ne sait que peu de choses, à part cette volonté de semer la terreur dans les paysages désertiques américains…tout cela suffit pour embarquer le spectateur dans une virée sanguinolente, une sorte de Duel en version auto-stoppeur qui tient vraiment en haleine. Robert Harmon (Cavale sans issue) alterne les scènes psychologiquement violentes et les grosses effusions de sang, ce qui fait de Hitcher un mélange de polar et de film de genre. Rutger Hauer est excellent.
Enfin, Hopeless, de Chang-hoon Kim, présenté en compétition, révele un cinéaste prometteur. Il met ici en scène un jeune homme qui souffre d’une atmosphère familiale pesante et qui doit choisir entre le bien et le mal, sa famille ou devenir un chef d’une organisation mafieuse. Si la mise en place du récit est un peu longue, en revanche, l’intrigue est captivante car elle décrit ce cruel dilemme et un fils qui navigue entre espoir et désespoir, dans une ville qui offre peu d’opportunités d’épanouissement. Le sujet dépasse le cadre du polar puisqu’il propose une description sociologique de la Corée du Sud.