Les organisateurs du Festival de Cannes ont dévoilé ce mercredi les films composant la sélection Cannes Classics 2021. Avec une trentaine de films projetés en parallèle de la sélection officielle, comprenant des restaurations de films ainsi que des documentaires sur des personnalités marquantes de l’histoire du cinéma, la sélection parallèle invitera le public à revisiter des œuvres marquantes et à les apprécier dans des copies spécialement restaurées pour l’occasion.
Dix-sept ans après sa création, la sélection Cannes Classics fait son retour sur le tapis rouge après une année de hiatus. Proposant chaque année une sélection de longs métrages fraîchement restaurés et de documentaires revenant sur des réalisateurs et réalisatrices ayant façonné l’histoire du cinéma, Cannes Classics invite à se remémorer des grandes figures du septième art et à revisionner quelques unes de ses plus grandes œuvres. Cette année ne fera pas exception, avec 6 séances hommages, 18 films restaurés et 6 documentaires sur de grands réalisateurs.
Au sein des séances hommages trônent des grands noms du cinéma, comme par exemple Roberto Rossellini, dont Les onze Fioretti de François d’Assise, chroniqué dès le premier numéro des Cahiers du Cinéma, sera projeté en version restaurée. Également à l’honneur, Orfeu Negro, relecture du mythe d’Orphée et d’Eurydice sur fond de Bossa Nova par Marcel Camus, récompensée par la Palme d’Or en 1959, sera projeté avec une restauration en 4K. En plus de ces grands noms, deux réalisateurs américains reviendront sur la Croisette : The Killing Floor, premier film de l’acteur Bill Duke, côtoiera Murder in Harlem d’Oscar Micheaux, premier réalisateur afro-américain de l’histoire du cinéma américain, dans une séance précédée d’un documentaire de Francesco Zippel sur le réalisateur. Deux femmes seront aussi mises à l’honneur par la sélection : une séance remémorera l’immense actrice japonaise Kinuyo Tanaka, ayant joué pour Ozu, Shimizu et surtout Mizoguchi, avec une version restaurée par la Nikkatsu de son deuxième long-métrage, Tsuki wa Noborinu, sorti en 1955. À ses côtés, la réalisatrice espagnole Ana Marsical sera aussi honorée, avec une version restaurée de El camino, chronique d’un village espagnol dans les années 1960.
En plus de ces six films seront projetés un total de 18 films restaurés, originaires du monde entier et de toutes les époques. Parmi ces films, on retrouve des noms très célèbres de l’histoire du cinéma international, comme le réalisateur haïtien Raoul Peck avec Lumumba, la mort d’un prophète originalement sorti en 1990. À ses côtés, trois réalisateurs de légende : Orson Welles, réalisateur du film culte Citizen Kane, sera mis à l’honneur avec une projection de F for Fake, tandis qu’Alain Resnais, auteur de L’année dernière à Marienbad, sera commémoré avec une projection d’une version restaurée de La Guerre est finie. Enfin, Lettre d’une inconnue de Max Ophüls viendra s’ajouter aux grands noms projetés cette année dans la sélection Cannes Classics. Cependant, le clou de cette sélection sera très certainement la projection de Mulholland Drive, film légendaire de David Lynch, qui reçoit sa première restauration exactement vingt ans avant la sortie du film en 2001, et son entrée en compétition au Festival de Cannes la même année pour la Palme d’Or.
Pour compléter cette sélection riche et éclectique, six documentaires viendront s’attarder sur l’histoire du cinéma et sur quelques uns de ses plus grands noms. Dans The Storms of Jeremy Thomas, Mark Cousins proposera un portrait du producteur anglais, connu pour ses associations avec Bernardo Bertolucci ou Takashi Miike. Pascal Alex-Vincent proposera de s’attarder sur l’animation japonaise avec Satoshi Kon, l’illusioniste, une enquête sur le réalisateur de légende décédé trop tôt, avec des entretiens réunissant les plus grands noms de l’industrie de l’animation japonaise. Le réalisateur espagnol Javier Espada reviendra sur la figure de Buñuel avec Buñuel, un cineasta surrealista, tandis qu’Yves Jeuland s’attardera sur la figure d’Yves Montand près de cent ans après sa naissance dans Montand est à nous. Enfin, deux documentaires proposeront un regard différent sur l’histoire du cinéma : André Bonzel fera, avec Et j’aime à la fureur, un autoportrait à partir de films amateur, tandis que Mark Cousins proposera une plongée dans les coulisses du cinéma ultra contemporain dans The Story of Film: A New Generation, quinzième épisode d’une série dantesque sur l’histoire du cinéma qui sera projeté le 6 juillet avant l’ouverture du festival.
Non compétitive, la sélection Cannes Classics ne décernera pas de récompenses particulière à l’un des longs métrages retenus. Projetés en parallèle de la compétition, ces films inviteront donc à se remémorer l’histoire du cinéma et de la cinéphilie, indépendamment de toute rivalité, seulement pour l’appréciation du septième art. Les films, projetés entre le 6 juillet et la clôture du festival le 17 juillet, devraient pour la plupart connaître une reprise en salles dans les mois qui suivront le festival.
Liste des films – Sélection Cannes Classics 2021
Séances hommage :
Hommage à Bill Duke :
The Killing Floor
Kinuyo Tanaka, actrice et réalisatrice :
Tsuki wa noborinu (La lune s’est levée)
Ana Mariscal, l’Espagne au féminin :
El camino (Le chemin)
Oscar Micheaux :
Murder in Harlem
Oscar Micheaux, The Superhero of Black Filmmaking – Francesco Zippel
Orfeu Negro, Palme d’Or 1959
Orfeu Negro
Rosselini et les « Cahiers du Cinéma » :
Francesco, Giullare di dio (Les Onze Fioretti de François d’Assise)
Les films restaurés de Cannes Classics 2021 :
La drôlesse – Jacques Doillon
I Know Where I’m Going ! (Je sais où je vais !) – Michael Powell, Emeric Pressburger
Lumumba : la mort du prophète – Raoul Peck
Friendship’s Death – Peter Wollen
Bal poussière – Henri Duparc
La double vie de Véronique – Krzystof Kieślowski
F for Fake (Vérités et mensonges) – Orson Welles
Yashagaike (L’étang du démon) – Masahiro Shinoda
La guerre est finie – Alain Resnais
Échec au Porteur – Gilles Grangier
Chère Louise – Philippe de Broca
Napló gyermekeimnek (Journal intime) – Márta Mészáros
Až přijde kocour (Un jour, un chat) – Vojtěch Jasný
Monanieba (Le Repentir) – Tenguiz Abouladzé
Dan četrnaesti (Le quatorzième jour) – Zdravko Velimirović
Il camino della speranza (Le chemin de l’espérance) – Pietro Germi
Letter from an Unknown Woman (Lettre d’une inconnue) – Max Ophüls
Mulholland Drive – David Lynch
Les documentaires de Cannes Classics 2021 :
The Storms of Jeremy Thomas (Les tempêtes de Jeremy Thomas) – Mark Cousins
Satoshi Kon, l’illusioniste – Pascal Alex Vincent
Buñuel, un cineasta surrealista – Javier Espada
Montand est à nous – Yves Jeulun
The Story of Film: A New Generation – Mark Cousins
Et j’aime à la fureur – André Bonzel