Après des propos scabreux à propos de l’affaire Luis Rubiales, Woody Allen rate son 50e film. C’est assez triste, il faut bien l’avouer.
Alors, il y a Paris (qui ici n’est même plus réduit à une carte postale touristique mais juste à un ensemble de décors anecdotiques, belles demeures, parcs, lofts sous les toits…) et la belle photo de Vittorio Storaro. Mais photographier du vide ou une matière fade ne peut accoucher d’un bon film.
Dès la première scène, tout sonne faux. Une rencontre aléatoire dans la rue, des hésitations, un jeu pas très assuré. Ce que le cinéaste new-yorkais réussissait dans le passé, il semble peu s’en soucier dans cet opus, très approximatif à ce niveau. Les dialogues patinent sérieusement, les situations s’enchaînent sans passion, presque mécaniquement. Sans ironie non plus, celle-là même qui constituait le sel de la plupart de ses longs métrages. C’est vrai, le film évoque pas mal d’œuvres anciennes d’Allen, et sur ce point, s’inscrit dans une filmographie fournie mais cela n’en fait pas pour autant une réussite. On pense notamment au chef-d’œuvre Match Point où au génial Meurtre mystérieux à Manhattan, mais l’entrain et le mordant en moins. Honnêtement, l’ennui gagne le spectateur durant ces 1h30. On a vraiment l’impression d’assister à la projection d’un téléfilm de luxe mais rien de plus. Question interprétation, souvent un atout majeur de l’univers allénien, seuls Melvil Poupaud et Lou de Laâge tirent leur épingle du jeu. Valérie Lemercier semble, elle, vouloir emmener le film vers des contrées plus ironiques, plus sarcastiques (mais se retient visiblement), Niels Schneider (formidable acteur au demeurant) semble apprêté ou mal à l’aise c’est selon. Enfin, un mot sur la musique, personnage à part entière des longs métrages du cinéaste : même sur ce point, la déception est grande, le cinéphile devant se contenter d’un jazz pauvre et peu enivrant.