La Passion de Dodin Bouffant : le festin d’Eugénie

Le Festival de Cannes, c’est souvent l’alliance des contraires : l’argent du Marché du Film, la cinéphilie des critiques ; ou bien encore le strass et les paillettes des stars et des festivaliers et la misère des personnages à l’écran. Quelques jours après Club Zéro qui se moque de manière provocatrice et salvatrice des régimes et de l’éthique autodestructrice des donneurs de leçons nutritionnels, le Festival célèbre les arts de la table, avec cette Passion de Dodin Bouffant, qui donne envie de passer un moment inoubliable dans un restaurant, en goûtant les plaisirs de la bonne chère. Goûteux, épicurien et renoirien, La Passion de Dodin Bouffant est sans doute le meilleur film sur la gastronomie depuis Le Festin de Babette. Un régal pour les yeux et les papilles gustatives, un film d’amour et de nourriture.

Eugénie, cuisinière hors pair, est depuis 20 ans au service du célèbre gastronome Dodin. A force de passer du temps ensemble en cuisine, une passion amoureuse s’est construite entre eux où l’amour est étroitement lié à la pratique de la gastronomie. De cette union naissent des plats tous plus savoureux et délicats les uns que les autres qui vont jusqu’à émerveiller les plus grands de ce monde. Pourtant, Eugénie, avide de liberté, n’a jamais voulu se marier avec Dodin. Ce dernier décide alors de faire quelque chose qu’il n’a encore jamais fait : cuisiner pour elle.

Goûteux, épicurien et renoirien, La Passion de Dodin Bouffant est sans doute le meilleur film sur la gastronomie depuis Le Festin de Babette. Un régal pour les yeux et les papilles gustatives, un film d’amour et de nourriture.

Depuis sa Caméra d’or en 1993 pour L’Odeur de la papaye verte et son Lion d’Or à Venise pour Cyclo, Trần Anh Hùng a connu une trajectoire un peu chaotique. Il a d’abord bouclé sa trilogie vietnamienne avec A la verticale de l’été puis a oscillé entre film d’action américain (Je viens avec la pluie), film japonais (La Ballade de l’impossible, d’après Haruki Murakami) et film d’époque français (Eternité). Grâce à sa sélection cannoise, il revient enfin au premier plan avec ce film chaleureux et festif, célébrant les plaisirs de la gastronomie et disposant d’une distribution quatre étoiles, réunissant l’un des couples-phares du cinéma français (Binoche et Magimel)

Disons-le tout de suite, La Passion de Dodin Bouffant ne restera pas pour son scénario et ses dialogues qui ne font qu’accompagner l’esthétisme du film. En revanche, deux très belles séquences du film resteront, le plaisir esthétique des yeux permettant de célébrer les plaisirs de la table : l’introduction où Binoche, Magimel, aidés par la présence charmante de Galatéa Bellugi, préparent avec toute la méticulosité nécessaire les plats d’un menu assez enthousiasmant, et où le montage, précis et fluide, met en valeur tous les éléments-aliments de ce festin ; la conclusion, où par un travelling circulaire et la magie de voix off, la narration concilie sens gastronomique et romantisme discret, sous une bel éclairage d’or et de lumière.

Pour le reste, Dodin Bouffant se résume en un joli rapprochement de monstres sacrés qui, après avoir été en couple, il y a une vingtaine d’années, se réconcilient à travers l’art et la cuisine, ce qui représente une belle leçon de vie.

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RÉALISATEUR :   Trần Anh Hùng
NATIONALITÉ : française 
GENRE :  Drame, historique, romance 
AVEC : Juliette Binoche, Benoit Magimel, Galatéa Bellugi
DURÉE : 2h14 
DISTRIBUTEUR : Gaumont 
SORTIE LE 8 novembre 2023