Acide : rien ne résiste aux pluies acides, pas même le film !

Présenté en Séance de minuit au Festival de Cannes, trois ans après la sortie de son premier long métrage très réussi, La Nuée, le nouveau film de Just Philippot était attendu par les amateurs de fantastique à la française (notamment l’auteur de ces quelques lignes). Si Acide s’inscrit parfaitement dans la veine de son opus précédent, cette fable écologique matinée de social est un ratage quasi complet, et donc une très grosse déception.

La menace ici ne vient plus d’une invasion de sauterelles, mais de pluies acides qui s’abattent sur le Nord de la France et la Belgique. On suit Selma, 15 ans, qui grandit entre ses deux parents séparés, Michal et Élise. Cette famille fracturée va devoir s’unir pour affronter cette catastrophe climatique et tenter d’y échapper. Sur le papier, ce projet s’annonçait assez excitant. Mais force est de constater qu’à l’écran rien ne fonctionne vraiment.

Visiblement, le scénario a été lui aussi victime des pluies acides : l’histoire reprend à peu près tous les poncifs des pires films apocalyptiques

Visiblement, le scénario a été lui aussi victime des pluies acides : l’histoire reprend à peu près tous les poncifs des pires films apocalyptiques. Ainsi, le recours à la famille dysfonctionnelle sent le réchauffé et apparaît comme le signe d’un manque d’inspiration terrifiant. Le spectateur a ainsi droit aux parents divorcés, à l’adolescente en crise, sans oublier une caractérisation du personnage incarné par Guillaume Canet (révolté et violent) donnant lieu à des scènes d’exposition interminables et complètement inutiles (première séquence filmée par un téléphone portable, montrant Michal agressant un patron et un CRS lors d’un conflit social). Quant aux causes de ces pluies acides et mortelles, elles ne sont pas abordées réellement, tout juste est-il question de pollution et de réchauffement climatique. Non ? Sans blague… « Bizarre, comme c’est bizarre », comme le disait en son temps l’acteur Louis Jouvet.

Si le récit est lui-même une menace pour le film, il en est de même pour l’interprétation. Il est bien difficile de parler de direction d’acteur ici tant on a la désagréable impression que tous sont en roue libre.

Si le récit est lui-même une menace pour le film, il en est de même pour l’interprétation. Il est bien difficile de parler de direction d’acteurs ici tant on a la désagréable impression que tous sont en roue libre. Aucun personnage n’est crédible, la plupart apparaissent pour ce qu’ils sont en réalité : de simples caricatures, des pantins désarticulés au service d’une fable édifiante. Guillaume Canet prouve une fois de plus qu’il est un acteur médiocre, Laetitia Dosch semble être absente et peu intéressée par ce qui lui arrive (comme on la comprend !) et Patience Munchenbach est insupportable, entre cris et hurlements. La pluie acide, malheureusement pour le spectateur, n’aura pas raison de tous les personnages.

La pauvreté de la réalisation est probablement l’aspect le plus déceptif d’un film qui entend rivaliser avec certaines productions américaines sans véritablement s’en donner les moyens.

Un dernier point aurait pu, à lui seul, sauver Acide de l’Apocalypse : la mise en scène. Que nenni ! Just Philippot se contente de filmer des nuages noirs, des flaques d’eau menaçantes, et de la fumée au sol. Cela reste très peu de choses. La pauvreté de la réalisation est probablement l’aspect le plus déceptif d’un film qui entend rivaliser avec certaines productions américaines sans véritablement s’en donner les moyens. Sans parler des incohérences du récit qui vont de pair avec celles liées aux effets spéciaux : il faudra nous expliquer comment le père et la fille arrivent pendant les trois quarts du long métrage à échapper aux pluies, en marchant notamment sur des zones complètement détrempées.

Si l’objectif était de montrer que, face au péril climatique, les Hommes ne sont pas prêts et qu’il serait illusoire de vouloir y échapper, on peut aisément affirmer que ce message reste peut-être le seul (et maigre) élément à sauver de cette catastrophe. A l’origine court métrage réalisé en 2018, Acide aurait dû sans aucun doute le rester.

0.5

RÉALISATEUR : Just Philippot
NATIONALITÉ : France
GENRE : Drame fantastique
AVEC : Guillaume Canet, Laetitia Dosch, Patience Munchenbach
DURÉE : 1h30
DISTRIBUTEUR : Pathé
SORTIE LE 20 septembre 2023