Terrifier 2 : du sang, du gore, des défauts

Le clown dérangé Art revient davantage déterminé que jamais à faire un carnage sanguinolent dans la ville de Miles County. Damien Leone, déjà aux commandes de Terrifier, propose un spectacle gore, cependant moins violent que le précédent opus. Privilégiant une atmosphère plus colorée, décérébrée, le cinéaste connu pour All Hallows’Eve s’éloigne légèrement du slasher pour produire un film d’horreur plus amusant que terrifiant. Terrifier avait choqué avec ses nombreuses effusions horrifiques et son esthétique sombre. Cette suite opère un changement radical, tout en conservant de bonnes qualités graphiques. Toutefois, et malgré un aspect divertissant, il est regrettable que le cinéaste n’ait pas conservé le climat tranchant du film originel.

Art le clown retourne à Miles County, pour de nouvelles nuits cauchemardesques. Sienna et Jonathan se retrouvent pris au piège face à ce tueur implacable.

Terrifier 2 débute dans une morgue, où le cadavre du clown sanguinaire reprend vie grâce à une sinistre entité démoniaque. Une forme de boucherie horrifique aux allures de mise en bouche montre un tueur ressuscité voulant en découdre encore plus brutalement avec les habitants de cette ville de Miles County.

Cette fois-ci, le scénario s’étoffe un peu, bien qu’il n’atteigne pas un niveau exceptionnel d’écriture, se contentant souvent du strict minimum. Vengeance, désir de tuer plus intense… Tout cela résume le fond d’un scénario léger préférant mettre en avant toutes les obsessions gore d’Art. Contrairement au premier Terrifier, ce film introduit plus de personnages, dont celui de Sienna, jeune lycéenne, et son frère, Jonathan, issus d’une famille endeuillée par le deuil du paternel. Le scénariste balaie d’un revers de main les quelques ressorts psychologiques qui pourraient découler de ce drame. De ce fait, toute l’histoire s’axe sur la peur suscitée par le retour de ce clown, quelques années après avoir perpétré un massacre. Beaucoup de choses éludées, et l’on assiste donc à un duel parsemé de brutalités, de violence, et de folie outrancière. Damien Leone signe un film d’une durée de 2 h 18, certainement trop long, avec une première partie introductive dans laquelle le cinéaste n’excelle pas en termes de mise en scène posée et calme, peu aidé par le manque d’épaisseur de ses personnages. Le seul intérêt réside dans les soupçons d’angoisse et d’appréhension, et où les moindres apparitions du clown donnent un sentiment anxiogène. Pour le reste, c’est calme plat, jusqu’à que le réalisateur propose enfin des éléments intéressants au niveau de l’horreur, venant gommer superficiellement les lacunes de cette mise en scène d’abord peu inspirée.

Damien Leone ne possède pas de qualités notables pour conter une histoire, mais ses compétences en matière horrifique permettent au film de gagner de la qualité, et ce malgré les défauts. Une fois passé le premier segment assez banal, mais annonciateur d’un carnage imminent, son film bascule vers un esprit plus slasher, brut et direct. Les meurtres s’enchaînent, avec des effets visuels réussis, tout ceci dans un climat volontairement sympa, moins gothique et trash que dans Terrifier. Damien Leone insuffle un aspect série B certes sympathique et drôle, créant cependant une déception compréhensible, comparé avec l’opus original qui proposait un spectacle horrifique malaisant. Ici, cela manque un peu de sérieux. Heureusement que les quelques trouvailles visuelles et l’étalage de gore viennent redonner du sens à cette production horrifique, tout ceci en dépit d’une absence budgétaire criante. Surtout, l’œuvre se trouve ponctuée de sacrées références du genre, telles que La Nuit de toutes les peurs, de William Castle, ou La Nuit des morts-vivants, de Georges A. Romero. La dernière partie du film se situe sur l’emplacement d’une fête foraine, cadre typique du cinéma d’horreur (Massacre dans le train fantôme, de Tobe Hooper, The Amusement Park, de George A. Romero). Damien Leone ne cache pas son admiration pour le spécialiste des films de zombies. L’affrontement final entre Sienna, déguisée en gladiatrice ailée, et Art reste de loin la meilleure partie de ce film, sans doute la plus intéressante à analyser. Le reste parait anecdotique, presque trop gentillet, avec des moments qui prêtent à sourire, et un jeu d’acteurs dépassant l’approximation. Sommes-nous proches du nanar ? Peut-être, mais sûrement qu’il est volontairement assumé. Terrifier 2 alterne le bon et le moins bon, même le mauvais. Sa longueur, inhabituelle pour ce genre de film, joue en sa défaveur. Réduire la durée aurait permis d’éviter toutes ces scènes familiales relativement superflues, qui n’apportent rien au récit, et dans lesquelles un certain amateurisme se ressent.

2

RÉALISATEUR :   Damien Leone
NATIONALITÉ : États-Unis
GENRE :  Horreur
AVEC : Lauren LaVera, David Howard Thornton.
DURÉE : 2h18
DISTRIBUTEUR : ESC Films
SORTIE LE 11 janvier 2023